« Il faut créer dans le lit majeur du fleuve un lieu à la fois urbain, naturel et social, relié aux quartiers traversés », expose Gilles Buna, adjoint au maire de Lyon en charge de l'urbanisme et du développement durable. Le projet initial, retenu sur étude de définition en 2003, a été confronté à une concertation publique de qualité, qui a permis d'évoluer vers une version plus végétale et ondulante, simple et généreuse : ce territoire à réapproprier et à partager s'inscrit dans le mode des déplacements doux. « Les bas ports se lisent davantage en coupe qu'en plan, ce qui oriente l'espace et détermine des "positions" très diverses selon qu'on se trouve sur le quai haut, sur les grèves ou au bord de l'eau, précise Annie Tardivon, paysagiste de l'agence In Situ. Cette configuration riche multiplie les parcours et les points de vue. » Les boîtes belvédères conçues par Françoise Jourda expriment ce lien renforcé entre le haut et le bas et constituent des points d'accroche, un jalonnement linéaire et transversal. « Ouvertes, vitrées, voire simples plates-formes, elles sont la transcription contemporaine de l'identité lyonnaise des "pieds humides" et se transformeront selon les usages », commente l'architecte. Au fil de l'eau, neuf séquences s'organisent, de l'amont vers l'aval, du parc de la Tête d'Or au parc de Gerland, « différenciées et liaisonnées, des plus naturelles à l'amont et à l'aval, aux plus urbaines en partie centrale » : le Brétillod et sa lône, écosystème de qualité conforté dans son caractère singulier et naturel ; la ripisylve amont avec un cordon de végétation entretenue et une berge reprofilée ; la rive habitée (péniches logements) aux îles-jardins étirées ; la rive active et festive avec sa grande prairie et ses planches de bois ; les terrasses de la Guillotière avec son bras d'eau ; l'estacade du centre nautique et les bains du Rhône ; le port de l'université Claude-Bernard avec son esplanade plantée d'arbres de haut jet ; la ripisylve et les jardins du Rhône à la renaturation conséquente ; enfin, le parc des berges et la liaison vers le parc de Gerland à la végétation adaptée et naturelle. Parallèlement, une réflexion est engagée avec la ville sur la sécurité et l'entretien du site.
Partie intégrante du lit majeur du Rhône, les bas ports sont soumis au rythme des crues et des étiages : une disposition qui impose la nature, la qualité, la force et le dessin des espaces à aménager. « Mais aussi à ménager », précisent Annie Tardivon et Françoise Jourda.
Fiche technique :
Maîtrise d'ouvrage : Grand Lyon (service espaces publics).
Maîtrise d'oeuvre : In Situ, paysagiste mandataire ; Françoise Jourda, architecte ; Coup d'Eclat, concepteur lumière ; GEC Rhône-Alpes, économiste, VRD ; Agibat, structures ; Sogreah, réseaux et assainissement ; Biotec, génie végétal ; Sol Paysages, plantations et grèves.
Calendrier : démarrage des travaux fin 2004-début 2005.
Coût prévisionnel : 21,5 millions d'euros.
ILLUSTRATIONS :
Séquence en centre-ville : les parkings existants sont remplacés par une «rive active et festive», avec une grande prairie de jeu et une terrasse en planches de bois le long du Rhône.
Plus en aval, au droit du quartier de la Guillotière, le quai haut et le quai bas sont reliés par une succession de gradins et de terrasses minérales agrémentées d'un bassin d'eau.
Plan de principe de l'aménagement des quais, de la ville au fleuve.