Seule oasis dans un désert de morosité, les dépenses des sociétés d'autoroutes empêchent bon nombre d'entrepreneurs de TP, qu'ils soient routiers, terrassiers ou spécialistes en génie civil/ouvrages d'art, de sombrer dans la déprime. « Effectivement, reconnaît Henri du Boucher, le président du directoire de Razel, notre activité terrassement, qui représente 45 % des 2 milliards réalisés en 1996, voire plus encore de notre activité grands travaux, est tirée par la montée en puissance du programme autoroutier. Beaucoup d'appels d'offres continuent de sortir. Mais ce n'est pas parce que les sociétés affichent un programme sur dix ans que nous sommes à l'abri. » Une inquiétude partagée dans les TP. En effet, l'idée d'une privatisation des SEM d'autoroutes revient régulièrement sur le tapis.
Autre inquiétude, partagée cette fois par les présidents des sociétés : donner un coup d'arrêt à la hausse des charges pesant sur elles. Les taxes (comme le doublement de la taxe Pasqua sur les péages l'année suivant sa création), les impôts divers et la TVA portent le taux global de prélèvement sur les sociétés françaises à 35 % des recettes. La moindre nouvelle hausse ruinerait le bel édifice, car la capacité d'autofinancement serait débordée. La seule issue serait de ralentir les investissements.
Pour l'heure, les maîtres d'ouvrage tiennent le cap. La preuve : après avoir investi 19,9 milliards de francs en 1996, les huit sociétés publiques d'autoroutes et la seule privée, Cofiroute, vont engager cette année 21,9 milliards de francs de travaux (voir tableau). Un rythme qui permet aux directeurs de la construction (voir encadré) de respecter le plan de charge voulu en 1994, au moment de la réforme initiée sous le gouvernement Balladur, soit 140 milliards de francs étalés sur dix ans (au lieu de quinze) pour le bouclage du schéma directeur autoroutier.
Les directeurs de la construction des sociétés d'autoroutes
Area : Bernard Miet.
ASF : Alain Robillard.
ATMB : Jean-Yves Lapierre.
Cofiroute : André Broto
Escota : Jean-Pierre Boulet.
Sanef : Bernard Cathelain.
SAPN : .Patrick Tranoy.
SAPRR : Jean-Pierre Peyronnet.
TABLEAU : LES INVESTISSEMENTS AUTOROUTIERS A LA HAUSSE (en millions de francs)(Source : Association des sociétés françaises d'autoroutes)
Pour les routières, mais aussi pour les entreprises de TP des secteurs terrassements, ouvrages d'art, voire travaux souterrains, le secteur autoroutier est devenu vital.