Sur proposition du ministre de la Culture Philippe Douste-Blazy, Jean-Paul Alduy vient d'être nommé par décret (du président de la République) président de la Mission interministérielle pour la qualité des constructions publiques (MIQCP). Sous la houlette de son secrétaire général Jacques Cabanieu, la petite équipe interministérielle a su imposer son expertise dans les relations réglementaires complexes qui unissent commanditaires publics et maîtres d'oeuvre. Mais au moment où l'Etat continue de se désengager de ses activités de maîtrise d'ouvrage (voir les dernières propositions de François Bayrou sur le patrimoine universitaire dans «Le Moniteur» du 14 février, p. 20) au profit des collectivités locales ou d'entités décentralisées, l'arrivée de Jean-Paul Alduy tombe à point nommé.
A mi-parcours d'une brillante carrière dans l'administration de l'Equipement il a en effet opté pour la vie locale et l'action de terrain lors de son élection à la mairie de Perpignan. Cet homme actif et bouillonnant d'idées y a vite pris la mesure des difficultés qui, au niveau local, freinent la qualité architecturale. D'où les orientations qu'il entend donner à la MIQCP, à l'évidence bien plus nourries de son expérience d'élu que de son passage dans la techno-structure d'Etat. Ses maîtres-mots sont souplesse, ouverture et expérimentation. Souplesse des procédures de choix des concepteurs, qui doivent favoriser le débat et la concertation avec les habitants très en amont des projets, « ce que permet le marché de définition mais pas le concours classique ». Ouverture de la commande aux jeunes concepteurs : « des concours ouverts et anonymes dans certains cas, des commandes directes dans d'autres, assorties de mesure qui permettraient de conforter les maires dans leurs choix ».
Ouverture aussi à la ville : « il faut que la MIQCP investisse davantage dans la production de l'espace public et réfléchisse à la maîtrise d'ouvrage des infrastructures et de l'aménagement urbain ». Expérimentation enfin : « les procédures actuelles interdisent l'innovation ; nous devons entrer dans le débat sur la réforme du Code des marchés publics pour que celui-ci ouvre des espaces d'expérimentation ». Parallèlement, la MIQCP devra « innerver davantage les réseaux d'élus, surtout les conseils régionaux d'une part, et les petites communes d'autre part où nous sommes peu présents », et articuler ses actions avec celles de l'Institut français d'architecture. Au total, un programme stimulant, qui vise à étendre et renforcer l'autorité et les compétences de la MIQCP. Les moyens suivront-ils ?
MIQCP, Tour Pascal B, 92055 Paris La Défense Cedex 04. Tél. 01.40.81.21.22. Fax. 01.40.81.23.78.
PHOTO : Jean-Paul Alduy, né en 1942, polytechnicien, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, diplômé de l'ENSBA (section architecture). En 1981, nommé secrétaire permanent du Plan Construction et Architecture, chef du service de la politique technique, puis directeur-adjoint de la construction (1985). Conseiller technique au cabinet de Pierre Méhaignerie, ministre de l'Equipement en 1987. Directeur général de l'EPA de Saint-Quentin-en-Yvelines de 1988 à 1993. Conseiller général des Pyrénées-Orientales en 1992, élu maire de Perpignan en 1993, quitte l'administration. Membre du bureau de l'AMF (Association des maires de France) depuis 1995, président de la commission « Aménagement du territoire » de l'Association des maires des grandes villes de France, membre du Conseil national d'aménagement et de développement du territoire depuis 1996.
