A voir l’enchevêtrement de grues qui émerge de la ZAC de la Joliette, difficile imaginer qu’il y a 10 ans, le premier appel d’offres lancé sur cet espace de 22 ha fut un échec. A l’époque, le territoire reliant les bassins du port de Marseille au centre de la cité phocéenne n’abritait qu’un entrelacs de voies ferrées et de friches industrielles autour desquelles se dressaient quelques îlots d’habitation de qualité inégale. « On avait beau vanter les atouts du site, son exceptionnelle accessibilité, son foncier très attractif, aucun opérateur ne voulait se risquer à construire ici un immeuble de bureaux », se souvient Paul Colombani, directeur du développement d’Euroméditerranée. Pourtant, en 1992, Michel Kester, directeur régional du groupe Nexity George V, lançait la requalification des docks : réhabilité par l’architecte Eric Castaldi, cet immense bâtiment (80 000 m2) allait accueillir les premières entreprises tertiaires et devenir la figure de proue d’une opération d’intérêt national en quête de crédibilité.
Rassuré par cette reconversion immobilière réussie, Bouygues Immobilier sera le premier à investir dans la construction de bureaux neufs, avec l’immeuble Grand Large livré en 2000 (14 200 m2) et son jumeau Grand Horizon livré en 2001 (13 850 m2), tous deux conçus par les architectes Valode et Pistre. Par la suite, les premiers aménagements publics, notamment la requalification de la place de la Joliette, ont entraîné le développement des activités tertiaires sur le site », rappelle Renaud Muselier, président d’Euroméditerranée. Plusieurs opérateurs se sont alors inscrits dans la nouvelle trame dessinée à l’arrière du port par l’établissement public. Eiffage Immobilier a confié à l’atelier Amédéo-Padlewski la conception de l’Espace Gaymard (11 000 m2) sur la place d’Arvieux ; Nexity Sogeprom et l’architecte Ahmed Khélif ont livré Cap Joliette (12 000 m2) le long du boulevard de Dunkerque, tandis que l’agence Ferran-Poissonnier réhabilitait pour le compte d’ING l’immeuble Europrogramme (18 000 m2).
Le flux va s’intensifier. Une cascade de programmes viendra densifier ce territoire. Constructa vient de poser la première pierre de Cœur Méditerranée, un complexe hôtelier et tertiaire (20 000 m2) que Jean-Paul Viguier livrera en 2008 sur la future place de la Méditerranée. A quelques encablures, le Sextant (11 000 m2), dessiné pour Meunier Promotion par l’agence Mathoulin-Jardin, verra le jour place Esparcieux. Constructa s’apprête à lancer sur les anciens entrepôts Transcausse une opération de 70 000 m2 (40 000 m2 de bureaux) dont une tour de 130 m signée Jean Nouvel. Le pôle tertiaire sera complété par trois autres projets : Euromed center (70 000 m2), dont la conception a été confiée à Massimiliano Fuksas par Cogedim et Crédit agricole Immobilier, la tour Peysonnel (35 000 m2) réalisée par Icade et la tour CMA-CGM (60 000 m2) que Zaha Hadid va construire à Arenc pour le compte de la compagnie maritime.
« Ces opérations ont des prestations de niveau international (plateaux en open space, divisibilité, câblage, accessibilité, parkings) et un lien fort avec les services de proximité et les aménagements publics », souligne Paul Colombani. Bientôt, les entreprises trouveront salles de sport, crèche, restaurants… Des espaces verts seront aménagés sur le quai J4 et l’esplanade de la cathédrale Major. « Dans cinq ans, Euroméditerranée comprendra 500 000 m2 de bureaux, et la dynamique économique nous conduit à envisager de doubler le périmètre. L’extension vers le nord de la ville devrait nous permettre de construire 80 000 m2 de bureaux supplémentaires et d’atteindre la masse critique des grands pôles tertiaires européens », ajoute Renaud Muselier.
