Bien que la conjoncture soit particulièrement difficile pour l'habitat neuf en France, le programme Quai 22 et ses 700 logements continue à pousser aux bords de la Deûle, à Saint-André-lez-Lille, à proximité de Lille (Nord). Six des dix lots sont ainsi livrés, et les chantiers s'enchaînent sous l'impulsion des deux promoteurs Linkcity (lots F, G et H) et Nhood (lot I).
Alors que le gros œuvre du lot F débute, celui du lot H se termine. Fin 2025, des familles s'installeront dans ses 147 logements (CDC Habitat). Au même moment devraient démarrer les travaux du lot I, le plus important avec 17 000 m2 SP. Baptisé Flow, il mixera 98 logements, 143 chambres étudiantes, 4 000 m2 SP de bureaux et 10 cellules commerciales pour une livraison espérée fin 2027. L'appel d'offres travaux pourrait être lancé en septembre. En parallèle le dernier permis de construire vient d'être déposé, celui du lot G, avec un démarrage des travaux en 2026 pour réussir à boucler fin 2027 l'ensemble des 86 000 m2 SP du programme dont les travaux ont débuté en 2020.
Tenir la cadence. Le lien entre Linkcity (huit lots au total) et Bouygues Bâtiment Nord-Est (BBNE) - le développeur immobilier étant filiale de Bouygues Construction - permet au duo de tenir la cadence de construction et de commercialisation. « Nous optimisons les façons de produire avec une organisation millimétrée. Nous n'avons pas eu de retard, nous avons même été en avance sur certains lots. Quelque 85 % des sous- traitants sont locaux, ce qui nous permet de respecter le planning tous ensemble. La garantie de qualité et la fiabilité des délais assurent une performance économique qui facilite la vente des logements aux investisseurs institutionnels », souligne Karine Famy, directrice générale adjointe de BBNE. « Garantir les délais, c'est réduire le risque. Nous avons avec eux des échanges nourris, nous réalisons par exemple des appartements témoins. Certains, comme Swiss Life, nous suivent d'un projet à l'autre », détaille Frédéric Delabie, le directeur nord-est de Linkcity.
Au fur et à mesure des livraisons, le chantier doit aussi prendre en compte la cohabitation avec les personnes déjà présentes. En effet, 1 500 y habitent, dont certaines en situation de handicap, et 400 salariés y travaillent. « Nous avons une logistique extrêmement serrée, ce qui permet de réduire le nombre de camions et donc les nuisances pour les riverains. Nous en faisons circuler six fois moins qu'il y a cinq ans, notamment grâce à des éléments produits hors site, comme les longrines et les balcons, les poutres, ou via le recours au bois (lire ci- dessous) », se félicite Karine Famy. Elle ajoute que cette fabrication d'éléments en usine pour ensuite les assembler sur place réduit les malfaçons et de 20 % les délais.
Un plan-guide et neuf agences d'architectes. Cette organisation quasi militaire ne se fait heureusement pas dans la monotonie. Neuf agences architectes différentes (1) interviennent et suivent le plan-guide établi par l'agence ANMA. « Cela permet de garder de la diversité tout en profitant du retour d'expérience de BBNE qui assure les chantiers. Nous faisons part aux architectes successifs de nos constats et poursuivons avec eux un processus d'amélioration continue », détaille la directrice générale adjointe de BBNE.
Pour Frédéric Delabie, le traitement environnemental de l'opération séduit aussi les investisseurs, avec des cœurs d'îlots paysagers, des balcons, des jardinets et un parc d'un hectare : « Quai 22 préfigure certains programmes que nous voulons déployer à l'avenir. Par exemple, nous prévoyons un petit frère, également en bord de canal et dans le Nord, à Bourbourg, près de Dunkerque. »
(1) GBL Architectes (lot AA '), Atlante Architectes-Seura Architectes (lots B + B'), Tandem + (C), Relief (D), Sam Banchet -Tandem + (E), François Leclercq (H), Agence Nicolas Michelin & Associés (F et I) et Blau (G).
Du bois en bord de Deûle
La construction en bois a été privilégiée dès le premier lot (AA'). Réalisé en copromotion par Linkcity et Nhood pour des bureaux à destination de Dalkia, la structure des 7 730 m2 SP comprend en effet 2 500 m2 de murs à ossature bois, 280 m3 de poteaux-poutres en lamellé-collé et 6 200 m2 de planchers CLT. Plus rare, le bois a aussi été utilisé pour des logements. Le lot E (9 360 m2 SP labellisés Bâtiment biosourcé niveau 2) avec 61 logements et une cellule commerciale en a ainsi utilisé pour sa structure en poteaux-poutres, ses planchers, ses murs et sa façade. Et les 147 logements du lot H (9 475 m² SP) ont une structure et une façade en bois, ce qui va permettre de réduire de 40 % l'empreinte carbone.
« Quelque 40 % de nos compagnons sont désormais formés à ce mode de construction, qui réduit la pénibilité et permet d'avoir des chantiers plus propres. Il suffit de “flasher” un QR Code pour voir les informations d'assemblage, allant jusqu'aux vis à utiliser », détaille Karine Famy, directrice générale adjointe de Bouygues Bâtiment Nord-Est.