Mikado structurel pour un bâtiment sportif

Béton -

La future Maison des arts martiaux et de l’escrime d’Aix-en-Provence est un véritable ouvrage de génie civil dont les éléments de façade s’assemblent comme un puzzle. Un bâtiment rendu complexe par les contraintes sismiques mais aussi vibratoires liées à la pratique sportive.

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Surmonter deux contraintes spatiales fortes était le premier défi de Christophe Gulizzi, l’architecte de la future Maison des arts martiaux et de l’escrime d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Ce bâtiment R + 1, de forme sensiblement carrée, se situe en effet sur un terrain de 2 400 m², coincé entre la plate-forme logistique de la Poste et le gymnase de l’Arc-de-Meyran, dans le quartier du Val de l’Arc. Autre exigence géométrique, selon Christophe Gulizzi , « les gabarits de salles obligatoires qui, de fait, nous ont imposé le dispositif spatial ».

L’édifice se décompose en deux volumes séparés par un patio interne non clos et reliés par deux passerelles vitrées. Le bloc sud réunit l’ensemble des parties communes (salle de réunion, bureau, salle de musculation, vestiaires). Quant au bloc nord, il abrite les salles d’armes : le dojo, réservé aux arts martiaux (500 m²), au rez-de-chaussée, et l’espace dévolu à l’escrime, au premier étage, avec ses 650 m² et 14 pistes homologuées pour la compétition. L’accès aux espaces dédiés aux pratiquants s’effectuera donc progressivement, « comme une sorte de processus initiatique, en passant lentement de la lumière extérieure à l’intériorité du bâtiment, en franchissant le jardin intérieur », commente l’architecte.

Ce projet de verre et de béton est dans l’esprit des arts martiaux, la maîtrise du geste parfait étant en l’occurrence, côté concepteurs, technique : « Aucune des pièces constitutives du bâtiment - piles, planchers, poutres - prises une par une n’est stable, souligne Julien Brault, le chef de chantier de Travaux du Midi. L’équilibre définitif n’est réalisé qu’une fois l’édifice refermé. »

Aucun joint de dilatation

Chaque pièce du puzzle exigeait, par ailleurs, une extrême précision d’exécution afin de garantir le raccordement parfait, notamment pour les façades de grande hauteur et le système de brise-soleil de béton qui enveloppe l’édifice. Ce système joue un grand rôle au plan de la performance énergétique car il coupe le vent froid en hiver et assure un tampon thermique en été. Validé par des simulations thermiques dynamiques, « c’est un véritable filtre vers l’intériorité qui pourrait aussi symboliser le masque du samouraï ou de l’escrimeur », selon Christophe Gulizzi.

Le bâtiment, situé dans l’une des zones de sismicité (classe 4) les plus pénalisantes de l’Hexagone, présente la particularité de ne comporter aucun joint de dilatation. « En recoupant la structure avec un tel élément, on aurait grosso modo divisé par quatre l’efficacité des contreventements », explique Romain Ricciotti, l’un des responsables du bureau d’études structure. Un choix technique mais aussi architectural puisque cette suppression permet d’organiser les espaces en dégageant de grands volumes libres (36 × 25 m dans le bloc nord), exempts de tout point porteur. Revers de la médaille : le bâtiment est très contraint en raison d’une part des efforts de retrait du béton qui se trouvent contrariés et, d’autre part, de contraintes thermiques importantes. Conséquence : des voiles fortement ferraillés. L’entreprise a proposé cette solution en variante de l’option initiale qui prévoyait une précontrainte par post-tension.

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