Le tram'bus nîmois, emblème de la transition
En service depuis la fin août sur l'intégralité de son tracé long de 11,5 km et émaillé de 26 stations, le Tram'Bus T2 Diagonal à Nîmes (Gard), qui relie la ville en une quarantaine de minutes d'est en ouest, est l'un des premiers exemples d'opération d'infrastructures engagée dans une certification « HQE Infra ». En décembre, un dernier audit jugera de la qualité de la mise en service et mettra un terme à une démarche entamée en 2018 avec le bureau d'études Syola Conseil, assistant à maîtrise d'ouvrage.
« Le respect des 17 critères de la certification s'est traduit au fur et à mesure de l'avancée du projet par des actions en matière d'écoute des riverains, de gestion du chantier, de l'eau et de l'énergie, ainsi que par une approche paysagère et le respect de la biodiversité », explique Olivier Arnaud, chef de projet à la SPL Agate, maître d'ouvrage délégué.
Palette paysagère. Sur ce dernier point, la maîtrise d'ouvrage, avec l'appui d'un écologue, a mis en œuvre plusieurs mesures compensatoires telles l'installation de nichoirs et de gîtes pour la faune ou encore l'adaptation de l'éclairage. A côté de la qualité et de la diversité des huit séquences paysagères conçues par le groupement de maîtrise d'œuvre associant Ingérop (mandataire), Artelia et Richez Associés, ces mesures ont valu au projet le Grand prix des infrastructures pour la mobilité, la biodiversité et les paysages (IMBP) en 2020. A l'époque, alors que le premier des deux tronçons du BHNS venait d'être livré, le jury avait apprécié l'adéquation de la palette paysagère à l'environnement urbain des quartiers traversés.
Volontairement inscrite au maximum dans les emprises publiques disponibles, la nouvelle ligne a limité le recours aux expropriations. L'exigence de consommation raisonnée du foncier est allée jusqu'à ajuster le tracé à la préservation des arbres et a conduit la maîtrise d'ouvrage à s'engager dans la démarche de labellisation 2EC (économie circulaire) du Cerema pour garantir un suivi rigoureux des déblais et remblais tout au long du chantier.
Sur un territoire soumis au risque inondation, la gestion hydraulique a tout d'abord conduit à caler l'infrastructure au niveau du terrain naturel. Les nombreux espaces verts créés participent, eux, à la désimperméabilisassion des sols. Enfin, plusieurs stations réalisées en « baignoire » facilitent les écoulements, en positionnant le quai au niveau du trottoir.
La nouvelle ligne contribue enfin aux circuits énergétiques courts, grâce à sa motorisation : l'incinération des boues d'épuration alimente en gaz les bus hybrides. Cette disposition contribue à donner au Tram'Bus T2 Diagonal le statut de pièce maîtresse du plan climat, air, énergie territorial de l'agglomération.
« L'équipe de maîtrise d'ouvrage est restée la même, de la conception à la livraison, ce qui a été l'une des forces du projet. Lors du chantier, la collectivité a demandé à chaque entreprise de nommer un coordonnateur », raconte Estelle Barret, qui dirige Syola Conseil. La gestion rigoureuse de l'opération de 123 M€ HT (dont 90 pour les travaux) a répondu à l'exigence des élus lorsqu'ils ont préféré le BHNS au tramway : faire mieux avec moins.
Le Chronovélo grenoblois, modèle métropolitain
Impossible de ne pas les remarquer, avec leur couleur jaune vif : les totems des stations Chronovélo, le réseau cyclable express de la métropole grenobloise (Isère), jalonnent les rues. Aires de repos et stations de gonflage positionnées sur les étapes majeures, ces équipements symbolisent le saut franchi dans la qualité du service. Laissé à la discrétion des communes, le nom de chaque station facilite leur adhésion à la dynamique métropolitaine. L'adaptation au vélo d'un concept inspiré des aires autoroutières et des stations de tram a joué son rôle dans le sacre national de 2021 : au baromètre biennal des villes cyclables décerné par la Fédération des usagers de la bicyclette, Grenoble a détrôné Strasbourg dans la catégorie des grandes villes.

Rendre le réseau lisible. Avec 26 M€ programmés dans l'actuelle mandature, la métropole amplifie l'effort pour achever la première phase du réseau Chronovélo, soit 50 km développés sur quatre axes. Les 30 premiers km en service peuvent déjà profiter à 190 000 habitants, 140 000 travailleurs et 60 000 étudiants. Simultanément, la planification de la seconde phase démarre, sans déroger au cahier des charges : « Systématiques, les pistes bidirectionnelles consomment moins de foncier que des bandes latérales, tout en améliorant la lisibilité du réseau et la diversité de ses usages, notamment pour les vélos cargos. Ce choix facilite la végétalisation et la désimperméabilisation des abords », souligne Sylvain Laval, vice-président de Grenoble Alpes Métropole chargé des espaces publics, de la voirie, des infrastructures cyclables et des mobilités douces.
Le renforcement de Chronovélo passe par son emboîtement dans un système qui va de la rue jusqu'à la véloroute interdépartementale. « En cours de test, un marquage spécifique aux dessertes ordinaires se déploiera dans les 49 communes », annonce le vice-président, également président du syndicat mixte des mobilités de l'aire grenobloise. Pour insérer le vélo dans une chaîne multimodale à l'échelle du bassin de vie, ce maître d'ouvrage investit dans des systèmes d'accrochage intégrés aux bus et dans des stationnements sécurisés implantés sur les pôles d'échange.
Les 30 premiers km en service peuvent déjà profiter à 190 000 habitants, 140 000 travailleurs et 60 000 étudiants.
