C’est en Norvège, sur une île du Trondheimsfjord dénommée Tautra, que se trouve ce nouveau monastère cistercien, à quelques encablures des ruines d’une ancienne abbaye du XIIIe siècle. Accueillant dix-huit nonnes pour la plupart américaines, le bâtiment s’appuie sur un plan à la géométrie rectangulaire strictement ordonnée. Les différents espaces s’organisent en adéquation avec le caractère introverti propre à la vie de ses habitantes même si les surfaces dédiées aux couloirs ont été sensiblement réduites pour laisser place à de petits jardins destinés à agrémenter leur quotidien. Si le traitement du bâtiment dans son ensemble respecte la neutralité exigée afin que rien ne vienne perturber les prières, la façade extérieure s’autorise en revanche une certaine excentricité. Les architectes ont opté pour un habillage uniforme dans le matériau et hétérogène dans les couleurs avec une série de bandes d’ardoises superposées qui s’étirent sur toute la longueur du bâtiment. Le matériau a été retenu pour son aspect brut de matière première et sa capacité à assurer l’étanchéité de la façade de façon durable. Rectangulaires, les ardoises plus ou moins larges sont juxtaposées sans se chevaucher dans le sens de la hauteur et mises en œuvre de façon simple. Elles sont fixées aux tasseaux de la structure du bâtiment par un système de pinces métalliques à tête rectangulaire à l’instar de ceux habituellement utilisés pour la pose des ardoises en toiture. Pour des raisons économiques, le calibrage a été fixé à une hauteur constante (73 cm) qui permettait une industrialisation relative du process. Suivant la logique géométrique du calepinage général, les ouvertures de largeur diverses viennent quant à elles s’intercaler dans cette peau de pierre. Mais la force de cette façade réside surtout dans le camaïeu des teintes utilisées, soigneusement choisies et assemblées pour être en parfaite harmonie avec le paysage environnant.
