Le barrage sur le Couesnon est le premier élément du dispositif imaginé pour rétablir le caractère maritime du Mont-Saint-Michel (« Le Moniteur » du 11 janvier 2008, p. 46). Muni à terme de huit vannes en perpétuel mouvement, il permettra, marée après marée, de chasser la tangue – sédiments accumulés autour du mont – pour le remettre « à flot ». A marée montante, le barrage laissera passer l’eau, puis les vannes se fermeront pour que l’eau s’accumule à marée descendante. L’ouverture contrôlée des vannes permettra alors de générer de puissantes chasses qui entraîneront la tangue au large.
Portes à flots
Aujourd’hui, les quatre vannes de la première moitié du barrage sont utilisées comme portes à flots : remontées 1 h 30 avant la marée haute pour écarter tout risque d’inondation en amont du barrage, elles sont rouvertes 1 h 30 après. Le chantier du second demi-barrage sur le Couesnon s’annonce plus rapide que le premier. C’est que, fait rare dans le génie civil, il est l’exact symétrique (à une pile près) de son aîné. Les équipes du chantier ont donc pu tirer enseignement des contraintes de la 1re phase, notamment pour l’incrustation complexe des équipements d’asservissement des vannes dans les piles de béton très fines. Toutes les phases préparatoires ont pu être écourtées. Après avoir constitué un batardeau pour travailler au sec, les équipes ont mis en œuvre les fondations du barrage, constituées de palplanches battues dans la tangue jusqu’à - 10 m. Le génie civil est en cours. Après avoir coulé radier et piles, les vannes préfabriquées en usine seront amenées sur le site et posées, au centimètre près, entre les piles. Puis elles seront testées.
Les travaux d’habillage et de superstructure clôtureront la construction au printemps 2009.
C’est alors que les chasses pourront commencer, mais seulement côté ouest car, côté est, la digue d’accès actuelle au mont s’oppose à la circulation de l’eau. Or, elle ne sera détruite qu’en 2015, quand la nouvelle passerelle d’accès aura été construite ! Pour évaluer l’efficacité de ces chasses « dissymétriques », un comité scientifique international de suivi hydro-sédimentaire a été constitué en juillet 2007. Il s’appuiera sur un nouveau logiciel de modélisation. « A priori, s’il y a un impact, il sera positif, car l’accumulation de tangue est plus importante à l’ouest qu’à l’est », estime François-Xavier de Beaulaincourt, directeur général des services du Syndicat mixte de la baie du Mont-Saint-Michel. Cette lente montée en régime sera compensée par la rapidité du « désensablement », dont 80 % des effets seront perceptibles au bout de huit ans.
Maîtrise d’ouvrage : Syndicat mixte de la baie du Mont-Saint-Michel.
Maîtrise d’œuvre : groupement BRL Ingénierie (mandataire)/Luc Weizmann Architecte/Spretec Ingénierie/Antea.
Entreprises génie civil : groupement Quille (mandataire), Mastellotto.
Entreprises équipements/superstructures : groupement CM Paimbœuf (mandataire), Joseph Paris, Baudin-Châteauneuf.
Coût équipements/superstructures : 11,2 millions d’euros HT.
Coût total travaux marché initial : 24 millions d’euros HT.
Livraison : printemps 2009.
