Municipales 2020 à Bordeaux: le logement, priorité des priorités

Appelé au conseil constitutionnel, Alain Juppé, maire depuis 1995, a cédé la place à son premier adjoint, Nicolas Florian, élu maire le 7 mars 2019. Ce dernier se présente pour la première fois au suffrage direct des Bordelais. Face à lui, Pierre Hurmic, candidat écologiste, a été longtemps un opposant courtois mais tenace de la politique des grands projets menés par Alain Juppé : opposé aux PPP, au grand stade et déplorant la faible place faite à la nature en ville. A ce duo, qui prend la tête dans les sondages (34 % et 33 %, respectivement au 11 février 2020), il faut rajouter deux challengers nouveaux venus : Thomas Cazenave, candidat de La République en marche, encore peu connu (16 % d’intentions de vote) et Philippe Poutou, candidat du NPA et de la France insoumise, crédité de 9 %.

Le logement sous pression

Revers de son attractivité, la métropole bordelaise est devenue chère. Aussi, le logement s’est imposé comme premier thème clivant de la campagne.

Le maire sortant s’appuie sur l’expérimentation de logements en accession abordable et propose d’accélérer la réalisation de logements sociaux pour atteindre le seuil de 25% imposé par la loi SRU. De leurs côtés, Pierre Hurmic et Thomas Cazenave, estiment qu’il faut rééquilibrer les activités et la construction dans toute l’agglomération pour éviter la surchauffe du logement, devenu un bien spéculatif. Face à la montée des locations saisonnières, l’élu vert propose la création d’un service municipal de l’habitat pour contrôler les locations touristiques et mobiliser les logements vacants. Préemption, stratégie foncière et autres outils d’habitat coopératif, sont également requis par Pierre Hurmic. Thomas Cazenave propose même un emprunt de 300 millions d’euros permettant à la municipalité d’acheter le foncier nécessaire à la création de 7 000 logements sur six ans et à des prix abordables (2 500 euros/m2)

Déplacements : sortir de la congestion

Le consensus est de mise chez tous les candidats pour développer l’offre de transports collectifs : BHNS ou à la demande, car express et RER girondin, extension de ligne, augmentation des cadencements, réseau girondin car-train réservé, etc. Même unanimité sur les déplacements doux avec la mise en place d’un plan piéton cher aux écologistes ou le doublement des pistes cyclables pour le maire sortant et le candidat LREM. Côté voiture, beaucoup demandent le transfert de la rocade de l’Etat à la métropole afin d’y redistribuer le trafic (voies dédiées, interdiction des poids lourds), le covoiturage et la construction de parcs relais. Et pour apaiser le cœur de ville, Nicolas Florian voudrait généraliser le 30 km/h.

L’environnement remède miracle

Sous la contrainte pour les uns, par la voie du dialogue et de la concertation pour les autres, la prise en compte de l’environnement s’est invitée de la campagne municipale. Face à l’urgence climatique, l’heure n’est plus aux « demi-mesures » comme les fermes urbaines ou « les plantations d’arbres partout » (Florian), mais bien un projet à partager avec les territoires métropolitains. Les écologistes vont le plus loin en déclarant que « seuls les sites déjà urbanisés seront constructibles ». Poutou se démarque et propose de préempter des terres pour les dédier à l’agriculture dans la métropole. Le candidat du rassemblement national (Bruno Paluteau, crédité de 5%) propose même la création de quartiers villages, aux circuits courts et la « démétropolisation » deux pivots d’une « civilisation écologique ».