Municipales 2020 à Nantes: faut-il continuer à construire ?

Dans la capitale du grand Ouest, les principales candidates mettent l’accent sur l’écologie et la sécurité. Au point que des sujets pourtant prioritaires comme le logement ou les infrastructures passent au second plan.

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Les municipales de 2020 à Nantes

A Nantes, il y a au moins une certitude, le futur maire de la ville sera une femme de moins de 50 ans ! Sur les neuf candidats déclarés, six sont des femmes et quatre ont de réelles chances de passer le cap des 10 % pour se maintenir au second tour : la maire PS sortante et présidente de Nantes Métropole, Johanna Rolland, 40 ans ; Julie Laernoes, 37 ans (EELV) ; Laurence Garnier, 41 ans (LR) et Valérie Oppelt, 46 ans (LREM).

Nature en ville

Depuis le début de la campagne, et au point d’éclipser les autres sujets, le débat s’est focalisé sur la question de la sécurité, encouragée par une multiplication de faits divers et des manifestations violentes en centre-ville. L’écologie et la nature en ville fait exception. Comme partout en France, les candidates ont largement teinté leurs programmes de vert. Cette tendance s’inscrit dans une forme de continuité des actions de Johanna Rolland qui a fait de « la nature en ville » un marqueur de son mandat, où ont été associés les écologistes (Julie Laernoes est en charge de l’énergie et du climat au sein de la métropole) et quelques marcheurs.

La campagne municipale 2020 va largement plus loin que les actions entreprises et dont certaines sont aujourd’hui vivement critiquées, comme l’aménagement de la place de la Petite-Hollande par l'agence TER, où la création d’un parking souterrain irrite les écologistes.

Face à la montée des écologistes, mais également d’une liste citoyenne soutenue par La France insoumise, Johanna Rolland a voulu frapper un grand coup en annonçant la création d’un grand parc en plein centre-ville sur l’espace libéré par l’actuel CHU [un nouveau CHU est en construction sur l’île de Nantes et doit être livré en 2026, NDLR]. « Je ne souhaite pas que ce site fasse l’objet de spéculations pour une succession de projets immobiliers, a déclaré Johanna Rolland. Je veux qu’il reste un bien commun et qu’il devienne un grand parc nourricier ».

La candidate de droite Laurence Garnier raille une « mesure d’affichage » tandis que la marcheuse Valérie Oppelt, qui se dit amatrice de patrimoine, imagine pouvoir conserver le bâtiment en forme de croix conçu par l’architecte Michel Roux-Spitz et créer autour un écoquartier avec un parc donnant sur la Loire.

Prudence sur le logement

Johanna Rolland qui s’est donné quatre priorités — la santé, la sécurité, l’écologie et l’égalité — évoque timidement la question du logement. « Pas question de mettre la ville sous cloche » nuance-t-elle. Pour leur part, Laurence Garnier et Valérie Oppelt assument la création de logement à Nantes et sur la métropole sans pour autant en faire une priorité. Elles se disent prêtes à respecter les objectifs de 6 000 logements par an fixés dans le PLH. « Une nécessité pour contenir les prix de l’immobilier qui augmente fortement » expliquent-elles. « S’il n’y avait pas de production de logements aujourd’hui, tout le stock de logements à vendre sur la métropole s’écoulerait en moins de neuf mois » assure Laurence Garnier. Enfin, concernant les professionnels de l’immobilier, Laurence Garnier et Valérie Oppelt ont proposé toutes les deux la création d’un guichet qui leur serait dédié au sein d’un service d’urbanisme à la limite de la saturation.

Au-delà du logement, c’est la question du développement même de Nantes et de son attractivité fait débat. « Nantes s’est lancée dans une course à un développement sans limites qui participe à la détérioration des conditions de vie des habitants au quotidien » estime Julie Laernoes qui défend « un urbanisme de la résilience, de la réparation ». Même son de cloche à droite : « les Nantais aspirent à une urbanisation modérée et plus humaine. Nous ne voulons pas d’une métropole à 1 million d’habitants en 2050 ! » déclare Laurence Garnier.

Des grands projets absents

Cette méfiance dans une métropolisation galopante se retrouve dans l’absence de grands projets : les quelques en cours, comme le CHU sur l’île de Nantes ou le projet touristico-culturel de l’Arbre aux Hérons, sont vivement critiqués ; soit par la droite, qui veut par exemple une nouvelle implantation pour le CHU, soit par les écologistes et les partis de gauche à l’exception, bien sûr, du PS.

C’est frappant en matière de mobilité. Dans cette ville qui a réintroduit le tramway moderne en France, les propositions sont timides. Seule Valérie Oppelt ose évoquer des études pour un pont transbordeur comme Nantes en a connu un dans le passé ou encore « un métro aérien circulaire autour du périphérique ».

Les candidats

Johanna Rolland (PS)
Julie Larmoes (EELV)
Laurence Garnier (LR)
Valérie Oppelt (LREM)
Margot Medkour (liste citoyenne-LFI)
Eléonore Revel (RN)
Nicolas Basille (LO)
Riwan Chani (NPA)
Hugo Sonnier (UPR)

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