Un changement d’ère se prépare, quoiqu’il advienne, à Strasbourg. Le maire socialiste depuis 2008, Roland Ries, ne se représente pas, laissant en lice quatre prétendants principaux à sa succession.
Les sondages donnent au coude-à-coude Alain Fontanel, premier adjoint passé chez LREM, longtemps identifié comme le dauphin de Roland Ries qui a fini par lui apporter un soutien modéré, et l’écologiste Jeanne Barseghian qui embarque avec elle plusieurs membres de l’exécutif sortant.
Le duel devrait être arbitré, voire mieux encore, par la revenante Catherine Trautmann, maire de 1989 à 1997 puis de 2000 à 2001, qui a pris la tête de liste socialiste suite aux déboires médiatico-judiciaires de Mathieu Cahn, le candidat désigné à l’origine. Suit, à quelques encablures, le LR Jean-Philippe Vetter, qui tente de faire reconquérir à la droite une ville qui lui échappe depuis trente ans, hors la mandature 2001-2008.
Environnement : en quête de fraîcheur
Le fait de tourner une page s’illustre déjà dans les priorités de campagne. Il est beaucoup moins question de construire que d’aménager des espaces paysagers pour faire « respirer » la ville et faire baisser son thermomètre.
Les « ceintures vertes » et les « îlots de fraîcheur » recueillent les faveurs des prétendants. Alain Fontanel veut installer de tels îlots à moins de 300 mètres de chaque habitant et créer, du nord au sud de la ville, les trois grands parcs qu’a proposé, il y a quelques semaines, l’Agence TER dans le cadre de la transformation de l’autoroute A35 en boulevard urbain. Jean-Philippe Vetter promet de planter 500 000 arbres dans l’agglomération. Jeanne Barseghian abonde, sans surprise, dans les mêmes sens.
Mobilités : consensus sur le multimodal
Dans l’agglomération au réseau de tramway le plus étendu de France, le débat tourne moins autour d’un développement supplémentaire (Jeanne Barseghian insiste toutefois sur la poursuite de l’extension au nord et Catherine Trautmann sur celle dans le quartier social du Neuhof) que de la meilleure articulation entre les modes, en vue de constituer le « réseau express métropolitain ». Celui-ci doit résulter du report attendu d’une partie du trafic automobile vers la nouvelle autoroute Vinci de Contournement ouest de Strasbourg (COS) dans deux ans.
Nouveaux pôles multimodaux, « meilleure utilisation de gares TER périphériques » (Alain Fontanel) : le débat entre le quatuor de tête organisé par la FPI courant février a confirmé qu’on évolue plus dans le consensus — notamment pour développer le réseau cyclable déjà conséquent — que dans l’opposition frontale.
Le point de divergence vient du zèle à vouloir appliquer la zone à faible émission (ZFE) qui pourrait aboutir à l’interdiction des véhicules diesel dans la ville en 2025 : oui sans conteste, dit Barseghian ; compenser, accompagner socialement et trouver les solutions « pragmatiques » avant les contraintes, répondent en substance Fontanel et Trautmann ; repoussons à 2030, rétorque Vetter.
Logement : rénover, mais aussi construire ?
A Strasbourg aussi, la question traditionnellement prégnante du logement se retrouve reléguée au second rang. Les principaux candidats veulent bien afficher leurs ambitions de rénovation thermique (8 000 par an pour Jeanne Barseghian). Mais ils se montrent plus prudents à chiffrer la construction neuve, dont ils ne pourront toutefois guère se passer au regard de la demande d’habiter dans Strasbourg.
Pas de quoi remettre en cause le projet urbain majeur des Deux-Rives désormais bien enclenché en direction de l’Allemagne, mais les termes de « densification » ou de « construction en hauteur » sont évités, de peur de prendre dans la figure le reproche de « bétonnisation ». Reste à savoir comment faire sans eux, dans une ville voulue, par ailleurs, plus généreuse en espaces verts.
Les candidats
Louise Fève (Lutte ouvrière)
Patrick Arbogast (« Egalité active »)
Clément Soubise (« Strasbourg anticapitaliste et révolutionnaire »)
Hombeline du Parc (RN)
Catherine Trautmann (PS)
Mathieu Le Tallec (Parti ouvrier indépendant démocratique)
Jeanne Barseghian (EELV et divers Gauche)
Kévin Loquais (LFI)
Jean-Philippe Vetter (LR-centristes-UDI)
Chantal Cutajar (« Citoyens engagés »)
Alain Fontanel (LREM)