Elle fait partie des « électro-intensifs ». Ces entreprises dont l’activité nécessite une grande consommation en électricité. Chaque année, l’usine LME à Trith-Saint-Léger (Nord) fabrique 500 000 tonnes d’acier, essentiellement destinées au secteur du bâtiment et des travaux publics. De l’Hexagone, du Benelux et du nord de l’Europe. Cette production réclame annuellement 350 GWh d’électricité et 250 GWh de gaz. Soit la consommation d’une ville de taille moyenne comme Valenciennes, dont l’usine est frontalière.
Contrainte par ses coûts énergétiques, LME a dû stopper son activité. D’abord son aciérie début novembre, suivi de ses deux laminoirs il y a quelques jours à peine. « Sur le marché, les prix de l’électricité et du gaz ont été mutipliés par dix par rapport aux prix moyens observés il y a quelques années », indique Vincent Smeeckaert, directeur industriel de l’usine nordiste, entité du sidérurgiste italien AFV Beltrame Group.
16 % d’économie
La production devrait redémarrer début 2023. Avec, dès février, un nouveau four de réchauffage en lieu et place d’un des deux que compte LME. Le nouvel équipement, doté entre autres d’une technologie de régénération à haut rendement, devrait permettre à cette entreprise de 550 salariés de réaliser 16 % d’économie sur sa facture de gaz et de diminuer de 6 % ses émissions de CO2. Représentant un investissement de 25 millions d’euros (dont 4 millions d’euros reçus de l’Etat dans le cadre de France Relance), ce nouveau four est un premier pas vers l’ambitieux plan de décarbonation du groupe Beltrame.
Plan qui comprend également des volets sur le recyclage et à la transformation du laitier sidérurgiste de LME en granulats pour travaux routiers, à la production d’énergie à partir de la chaleur fatale de l’usine ou encore à l’utilisation d’hydrogène dans le process. Objectif in fine : la réduction de 40 % des émissions à horizon 2030, avant d’atteindre la neutralité carbone « rapidement ». Pour y parvenir, l’Italien ne lésine pas sur les moyens : depuis 2021, il consacre 25 millions d’euros par an à l’usine de Trith-Saint-Léger — et ce jusqu’en 2026 — pour moderniser et « verdir » l’outil de production, soit une enveloppe globale de 125 millions d’euros.
Chalibria, le premier acier carboneutre
Beltrame Group vient de dévoiler la marque de son acier certifié neutre en carbone, Chalibria. La neutralité des produits finis Chalibria est atteinte avec la compensation des émissions de CO2 générées à la production par l’achat de crédits carbone. « C’est une façon pour nous d’être totalement transparents sur nos émissions et de montrer à nos clients notre engagement sur la réduction de celles-ci », détaille Guillaume Martin, responsable RSE énergie de LME.
L’entreprise vend son acier Chalibria plus cher et entend utiliser ce surcoût (non communiqué) pour mettre un coup d’accélérateur à son plan de décarbonation. « Nos clients du BTP demandent ce type de produit », assure Vincent Smeeckaert. Un secteur qui fonctionne en grande partie avec les appels d’offres. « J’ai bon espoir que les collectivités locales y adhèrent également et poussent les autres industriels à produire leur acier neutre en carbone ».