Une édition qui ressemble à un renouveau. Pour la première fois depuis la création en 2015 de ce colloque d’envergure nationale consacré au confort d’été, ses organisateurs invitent les intervenants et participants à sortir des murs de Marseille. Le sujet de la réhabilitation et de l’impact du confort d’été sur la santé est l’autre nouveauté. Frédéric Corset, directeur d’EnvirobatBDM, nous présente les grandes lignes du programme.
Avec cette nouvelle édition de BâtiFrais, vous avez changé la formule. Pouvez-vous nous en dire plus ?
La formule a en effet un peu changé. L’effet Covid a dû jouer. Lors des comités de travail organisés en 2020 pour organiser cette 6e édition de BâtiFrais, d’ailleurs reportée de 2020 à 2021, a émergé de manière très forte l’envie de changer le format, de ne plus être dans un colloque au centre-ville où l’on vient consommer pendant une heure une conférence. Nous avons tous eu envie de faire un pas de côté, de nous couper de notre quotidien très agité pour prendre le temps de la réflexion. Le 24 septembre, nous serons donc à la campagne, dans un domaine viticole. Nous serons beaucoup en extérieur et non pas dans une salle. A la demande des participants, nous avons également prévu plus de temps d’échanges. Dans les précédentes éditions, on leur donnait beaucoup de matières mais on manquait de temps pour en discuter, pris dans le flux des conférences qui se succédaient.
Cette édition se distingue aussi par une série d’ateliers répartis dans trois parcours parallèles…
Oui, de 8 h 30 à 18 h 00 se succéderont quatre ateliers dans chacun des trois parcours : l’un dédié à la maîtrise d’ouvrage, un autre au bâtiment et un dernier à l’urbanisme.
Evidemment, nous allons parler confort d’été dans la RE 2020 et voir comment cela est pris en compte. Mais ce sujet sera abordé de manière différente dans chacun des trois parcours, selon qu’on a devant soi des maîtres d’ouvrage, des maîtres d’œuvre ou des urbanistes. Avec les maîtres d’ouvrage, nous serons plus généralistes et aborderons le sujet sous l’angle financier. Avec les maîtres d’œuvre, nous serons plus techniques.
Ces ateliers seront ouverts par l’architecte Yves Perret qui fera une introduction que nous avons voulue rafraîchissante. Dans sa pratique, il aborde les questions d’écologie du bâtiment en faisant toujours un pas de côté et en mettant beaucoup de poésie. Par exemple, dans une des écoles qu’il a conçues, les sanitaires ont été fabriqués par les enfants. Au Naturoptère à Sérignan-du-Comtat, dans le Vaucluse, l’orientation du bâtiment, le choix des ouvrants et la toiture végétalisée assurent un bon confort d’été sans climatisation grâce à la ventilation naturelle et à la fraîcheur apportée par les végétaux. Cette approche correspond tout à fait à ce que nous voulons aujourd’hui entendre.
L’autre nouveauté de BâtiFrais cette année est l’apparition de la thématique de la réhabilitation…
C’est un tournant qu’on souhaite donner à EnvirobatBDM. Cela correspond d’ailleurs à une préoccupation nationale et à la réalité de nos activités traitant de plus en plus de rénovation énergétique et de réhabilitation. Donc, BâtiFrais n’échappe pas à cela. On posera évidemment la question de la réhabilitation dans la réglementation RE 2020 à venir. Fidèles à l’esprit de BâtiFrais qui consiste à s’appuyer sur des retours d’expérience, nous décrypterons, par exemple, l’opération de rénovation et d’extension de l’école Laborde à Lyon. C’est un exemple de traitement réussi du confort d’été grâce à sa conception bioclimatique et à la pose plébiscitée de brasseurs d’air qui assurent le confort au moment où le passif ne suffit plus. Nous expliquerons ensuite la rénovation thermique du centre de recherche de La tour du Valat en Arles, notamment isolé avec de la paille de riz.
Sur ce même sujet, nous allons présenter une étude sur le confort d’été dans différents quartiers que nos adhérents ont menée en 2018 avant les effondrements de la rue d’Aubagne à Marseille. L’étude s’est concentrée sur les trois quartiers du centre de Marseille caractérisés par son habitat ancien. La première partie a consisté à mesurer la température dans l’espace urbain, la seconde à tester des scénarios de transformation de ce quartier pour voir ensuite ce que cela donne comme confort d’été. A l’époque, cette étude n’avait pas été publiée car elle préconisait des solutions qui n’étaient pas recevables comme la démolition d’immeubles pour aérer le tissu urbain et végétaliser. Aujourd’hui, nous avons décidé de la valoriser car la démarche et l’outil de simulation nous semblent intéressants.
Sera également abordée la notion du bien-être, sujet à la mode…
Elle sera traitée sous la forme d’un dialogue sur le bien-être des usagers et leur confort d’été entre Marine Morain, architecte, et Viviane Hamon, sociologue.
Sur la question de l’usage, nous rendrons compte d’une étude sur le confort d’été dans l’habitat que nous avons menée pendant trois mois avec Loïc Frayssinet, Robert Célaire et Khedidja Mamou. Elle a consisté à comparer le confort d’été de logements réhabilités à Marseille, grâce à des fonds Anah, selon les orientations prises : isolation, changement de fenêtres, etc. Les résultats obtenus à partir des mesures de température ou des ouvrants de fenêtre ont été mis en regard des usages. Nous nous sommes intéressés à la correcte prise en compte des usagers. Nous nous apercevons que souvent leurs besoins et le contexte ne sont pas pris en compte. Certains des occupants de ces logements n’ouvraient pas leur fenêtre par crainte du bruit ou des moustiques. D’autres, par peur des chutes alors que les garde-corps des fenêtres étaient aux normes. Force est de constater que l’usage n’est pas tout à fait celui qu’on imagine au départ.
