Numérique : une première mondiale pour le tri optique des terres contaminées en Normandie

Non seulement le dispositif identifie la présence de polluants, mais il peut aussi en mesurer la teneur. Les terres polluées aux hydrocarbures sont ainsi triées rapidement. 

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L'installation pilote de tri de déblais pollués se compose de deux containers équipés du capteur de Tellux et de convoyeurs automatiques de Nukem Technologies Engineering.

Ce tri de terres polluées, via une technologie hyperspectrale (1), est une première mondiale, se réjouit Antonin Van Exem, fondateur et P-DG de Tellux. La jeune pousse développe depuis 2019 des solutions d'analyse des matériaux pollués basées sur le tri optique, couplé à l'intelligence artificielle. Une fois calibré, le dispositif analyse de façon rapide et au centimètre près la présence d'un polluant dans un substrat.

Le 15 mai dernier, la visite d'un chantier pilote de tri de 500 t de terres contaminées aux hydrocarbures a été organisée à Alizay (Eure) sur la plate-forme de tri de Lhotellier. Le groupe de BTP présent en Normandie et Hauts-de-France est entré au capital de la start-up en 2021. « Nous avons tout de suite compris l'aspect révolutionnaire du dispositif et son intérêt pour nos besoins quotidiens de tri sur nos plateformes », explique Jean-Philippe Lemesle, directeur général de Lhotellier. Le démonstrateur de l'HyperScan EcoProbe a été soutenu par la région Normandie (480 000 €) et l'Ademe (190 000 €).

Une identification plus précise

Pour convaincre la soixantaine de visiteurs présents en ce jour de démonstration, un ajout d'hydrocarbures a été réalisé sur un échantillon. « Il a été aussitôt détecté par la caméra de façon très précise », souligne Antonin Van Exem. Plus loin, le convoyeur charrie les terres vers un conteneur bleu coiffé d'un chapeau blanc. A l'intérieur, celles-ci sont « scannées » par le dispositif qui les oriente en fonction de leur teneur en hydrocarbures. Quand le taux est inférieur à 5 000 mg/kg, elles échappent au classement en déchet dangereux et sont dirigées vers la droite. Chaque tonne ainsi réorientée sur ce projet pilote offrira 150 € d'économie sur son coût de traitement.

« Selon le niveau de pollution et les types de polluants, les coûts de traitement varient de 5 à 500 € la tonne. En identifiant les volumes faiblement ou non contaminés, il est possible d'en réorienter 20 à 30 % », poursuit l'ancien climatologue. Pour lui, ce ratio de 20 à 30 % de terres excavées mal orientées existe sur la plupart des sites, à cause du manque inhérent de précision de l'analyse des polluants sur site par carottage.

Coût rapidement amorti

Il imagine vendre en priorité sa technologie à des entreprises intervenant sur les plus gros chantiers européens, ceux impliquant de décaisser plus de 20 000 t de terres contaminées. « Il y en a environ 80 par an en Europe dont une douzaine en France. Cette taille permettra d'amortir rapidement le coût de la machine que nous développons avec la société Nukem Technologies Engineering, située en Allemagne. Elle sera en capacité de trier 200 t par heure », détaille le dirigeant. Sur un chantier générant 35 000 t de terres polluées, le dispositif ferait ainsi économiser environ 1 M€.

Tellux, qui emploie cinq personnes, vend déjà aux bureaux d'études un dispositif d'analyse rapide des niveaux de polluants dans les carottages. Afin de développer les machines de tri et d'augmenter la palette de contaminants traçables, notamment en mélange, Tellux cherche de nouveaux actionnaires.

(1) Cette technologie enregistre la réflexion de chaque bande spectrale de la lumière, allant du visible jusqu'au proche infrarouge.

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