Débuté en 1992, mis en œuvre à partir de 2004, le projet urbain de Bjørvika se raconte comme une histoire : celle de la reconquête des zones portuaires par la municipalité qui a fait tomber, les unes après les autres, les barrières qui coupaient la ville de son site naturel, le fjord d’Oslo.
Il y a vingt ans, Bjørvika était une zone portuaire, traversée par l’autoroute la plus fréquentée de Norvège mais idéalement située aux portes du centre-ville. La création d’un tunnel sous le port, enterrant cette circulation de transit, a libéré des terrains hautement valorisables. Alors qu’en 1992, peu d’hommes politiques croyaient au développement de ce site inaccessible, la décision d’y construire le nouvel opéra, au plus proche de l’eau, a été l’autre élément déclencheur de la reconquête de Bjørvika. Selon Eivind Hartmann, directeur de la planification à HAV Eiendom, société de développement appartenant aux autorités portuaires, « une fois l’opéra là, le reste de la zone devait changer ».
Onze immeubles de grande hauteur
Dorénavant, Bjørvika est le projet majeur de « Fjord City », stratégie de développement de la Ville d’Oslo regroupant onze projets urbains. Ils ont tous vocation à créer une connexion entre la ville et le fjord sur pas moins de 10 km de longueur. Comme pour Bjørvika, la Ville libère les terrains en déplaçant les activités portuaires et en canalisant la circulation automobile dans des tunnels. Les infrastructures sont coûteuses, mais elles permettent à la capitale norvégienne de se densifier et de se réinventer sur des terrains connectés au tissu urbain existant. Quant au nouveau port d’Oslo, il a déménagé au sud de la ville.
A Bjørvika, en plus des 25 000 emplois, le projet comptera 5 000 logements et une programmation culturelle de premier ordre. A côté de l’opéra s’élèveront le nouveau musée Munch, le musée Stenersen et une bibliothèque. Ces équipements viennent consolider « l’axe de la culture » s’étirant tout le long du port et comprenant notamment le musée d’art contemporain Astrup-Fearnley conçu par Renzo Piano ainsi que le nouveau musée national.
Au pied de la gare centrale, ont émergé onze immeubles de grande hauteur, regroupés sous le nom de « Barcode ». Ils sont destinés à 80 % à des bureaux et à des commerces en rez-de-chaussée, le reste étant affecté à des logements. Côté transport public, une nouvelle ligne de tramway, financée par la municipalité, traversera tout le quartier. Elle circulera au milieu d’un boulevard urbain planté où seront également aménagées des pistes cyclables séparées.
Comme l’explique Eivind Hartmann, « avec Bjørvika, l’historique clivage est-ouest de la ville est en train d’évoluer. Les caractéristiques sociologiques des habitants étaient nettes et opposées entre l’ouest cossu et l’est plus populaire. Aujourd’hui, le centre de gravité de la ville se déplace ».

