Les jardinières juchées depuis mai dernier sur un avant-toit donnant sur la cour intérieure de l'Académie du climat, installée dans l'ancienne mairie du IVe arrondissement, sont bien davantage qu'une énième opération de végétalisation. Portées par une plateforme de 100 m², ces plantations constituent la première concrétisation du concept développé depuis 2021 par Olivier Faber, Tim Cousin et Eytan Levi pour lutter contre la surchauffe des toits urbains. Avec leur start-up Roofscapes, ces trois jeunes architectes proposent d'abriter les immeubles sous des surtoitures. Comme de grands parasols en forme de terrasses, adaptables aux constructions anciennes, en particulier aux toits en zinc parisiens.
Dès le départ, la jeune pousse a cherché à nouer des partenariats avec les collectivités franciliennes comme la mairie de Paris. « Nous connaissions sa politique de végétalisation et d'adaptation du bâti au changement climatique. Nous avions aussi besoin de travailler avec elle, par exemple sur les questions de règlements d'urbanisme », raconte Eytan Levi.
Lauréate de l'appel à projets « Innovation et résilience 2022-2023 », Roofscapes a pu développer son concept avec les services de la Ville. Puis, en association avec les entreprises Meha Construction Bois et Topager, spécialiste de la végétalisation urbaine, elle a remporté un marché de R&D de 221 000 euros HT pour concevoir et construire sa terrasse pilote, puis pour l'entretenir et mener des études d'impact pendant plusieurs années.
Pilotis en acier. De mars à mai, la plateforme a été mise en œuvre sur la partie nord de l'avant-toit en zinc de l'Académie du climat. Ses poutres, solives et platelage en pin sylvestre français reposent sur cette toiture inclinée grâce à des pilotis en acier. Partiellement capotés de zinc, ils traversent la couverture métallique, pour s'appuyer sur la pierre du bâtiment. Une double rangée de bacs en mélèze, également local, accueille des sauges, des fraisiers ou du jasmin. En partie basse, les jardinières récupèrent les eaux de pluie qui alimentent les plantations. Les mesures prévues aideront à vérifier si le système peut être autonome en eau et comment évoluent la végétation et la biodiversité en général.
Les relevés les plus attendus portent sur les gains de fraîcheur. Des sondes ont pour cela été positionnées sous la plateforme et sur deux zones restées à nu, à la fois à l'extérieur, au niveau du toit, et à l'intérieur, sous les combles. A comparer les mesures, les bénéfices sont déjà avérés. Ainsi, le 30 juillet, alors que Paris subissait un pic de chaleur, la zone abritée par la surtoiture affichait des températures bien inférieures à celles observées au niveau de l'avant-toit en plein soleil (voir ci-dessus).
Roofscapes entend disséminer son dispositif. La région Ile-de-France, qui soutient aussi la démarche, a ainsi annoncé son intention d'équiper un lycée. « Environ 200 copropriétés privées, essentiellement franciliennes, nous ont contactés », ajoute Eytan Levi. Des collectivités, aussi, se disent intéressées et les architectes entendent sensibiliser les bailleurs sociaux. Les prochains parasols pourraient s'ouvrir en 2025.







