« Je suis préoccupé par la réhabilitation. Nous avions signé avec le gouvernement Balladur une convention prévoyant le financement de 120 000 Palulos en cinq ans. On en est à 75 000 », expliquait récemment Georges Mercadal. Les chiffres sont là (voir graphique ci-dessous) pour montrer la chute à laquelle on assiste...
Quel avenir pour les Palulos?
Contrairement aux nouveaux PLA, les Palulos restent soumis aux aléas de la régulation budgétaire. En 1996, un tour de vis aboutissant à une réduction de 35 % des crédits a été opéré sur les prêts Palulos (3,4 milliards de francs contre 5,2 milliards en 1995) et la grande question est de savoir si le nouveau gouvernement pourra réaliser l'objectif du parti socialiste (150 000 Palulos par an) compte tenu des contraintes.
Pour couvrir leurs besoins - les deux-tiers du parc ont été construits avant 1974 - les organismes se sont tournés ces derniers mois vers d'autres produits financiers : la Caisse des dépôts a vu fleurir la demande pour les prêts complémentaires à l'amélioration, à 5,5 % sur 1 à 15 ans, (+ 83 % à 542 millions de francs en 1996), et pour le nouveau prêt du Pacte de relance pour la ville (PRV, à 104 millions en 1996), dans les zones urbaines sensibles. Ce produit (à 4,3 %), pour lequel une enveloppe de 5 milliards sur trois ans a été ouverte, est actuellement extrêmement demandé.
On a même vu un groupe comme 3 F prendre en main la rénovation de 10 000 logements sans recourir du tout aux Palulos, mais en signant une convention avec la Caisse des dépôts (« Le Moniteur » du 28 mars, p. 18). « On ne peut pas attendre indéfiniment des financements qui ne viendront pas », commentait alors son président, Michel Vivès.
Autant dire que les organismes font l'apprentissage, en douceur, de la diversification. Certains opérateurs auraient même été sur le marché. Mais les baisses de taux, récemment annoncées par le gouvernement Juppé, risquent de rendre ce genre d'opération moins intéressante.
Sur le fond, un réflexe patrimonial bien compris suppose un bon entretien du parc. Selon Jacques Berké, président de la fédération des SA, en francs constants par logement, les sommes investies dans l'entretien sont à peu près stables au fil des ans.
Ce n'est pourtant pas forcément un gage de réussite sociale : on voit apparaître des poches de vacance, y compris dans ses sites qui ont été réhabilités une ou plusieurs fois. D'où l'interrogation actuelle : faut-il à tout prix rénover des cités ou certains ensembles victimes de la désaffection des habitants ? Jusqu'ici, le réflexe dans le monde- et dans les ministères de tutelle - était de réhabiliter. Aujourd'hui, des révisions déchirantes sont opérées et certains commencent à parler de démolir.
PHOTO : Rénovation d'immeuble du quartier de la Caravelle à Bron (Rhône).
GRAPHIQUE : versement des prêts réglementés (en milliards de francs