Pour élaborer son projet de territoire dans le cadre du programme Petites villes de demain, Montbard ne partira pas de rien : depuis 2014, la stimulation de ses fonctions de centralité anime Laurence Porte. La maire s’est saisie de toutes les opportunités offertes par les politiques publiques nationales, régionales ou départementales. Autour du château et du parc du fondateur de l’histoire naturelle, le patrimoine lui sert de passeport vers l’avenir.
Revitalisation
En novembre 2014 peu après le début de son premier mandat, Montbard prend sa place parmi les 54 lauréats de l’appel à manifestations d’intérêt sur la revitalisation des centre-bourgs, accompagnés par l’Etat jusqu’en 2022. Depuis le conventionnement de juin 2016, le programme a déjà mobilisé 10,3 millions d’euros d’investissements, dont plus des trois quarts au titre de la revitalisation du centre bourg sous maîtrise d’ouvrage municipale, et le reste au service du développement du territoire, sous la conduite de la communauté de communes du montbardois.
En 2017, nouvelle victoire : le ministère de la Culture valide le schéma directeur présenté par Mirabelle Croizier, architecte en chef des monuments historiques, pour la restauration du domaine ducal de 7 hectares, avec un avis « très favorable ». Deux phases de travaux en ont découlé depuis lors.
Ruban
Cette étape se prolonge en 2020 à travers les Rubans du patrimoine, qui récompensent l’accompagnement communal de la renaissance de la mémoire du grand botaniste : à la place d’une verrue urbaine surplombant le canal de Bourgogne au centre-ville, un belvédère signé par le paysagiste Vincent Mayot complète le « parcours Buffon », jalonné par 36 bacs végétalisés, autant que le nombre de tomes de son histoire naturelle.

Le belvédère Buffon remplace une ancienne verrue urbaine
Simultanément, Montbard se refait une beauté : autrefois simple « tournant routier » selon la maire, le parvis de l’hôtel de ville et la place Buffon retrouvent leur fonction d’espace public. Une opération programmée d’amélioration de l’habitat redonne leur lustre aux façades et améliore la performance énergétique aux logements, grâce notamment aux diagnostics énergétiques pour accompagnement des rénovations (Depar), programme de La Poste mis en œuvre par le spécialiste des copropriétés Soliha. Fin 2019, 36 dossiers totalisent 807 000 euros engagés.
Arbre phénix
Maîtresse des constructions et des aménagements anciens et contemporains, la pierre de Bourgogne épouse le verdissement urbain sous le haut patronage du père du Jardin des plantes : planté à Montbard par Buffon puis bouturé à Paris en 1785, le platanus orientalis est revenu dans sa ville natale. Une nouvelle bouture de l’arbre originel, implantée en 1996 à l’arboretum de Chèvreloup (Yvelines) a pris l’autoroute pour Montbard en 2019, pour trôner au centre de la nouvelle « Place de la pépinière royale » dessinée par l’agence de paysage Mayot-Toussaint.
L’audace paye : en plus des soutiens des collectivités et de l'Etat, la petite ville obtient la reconnaissance sous forme de partenariats noués avec les musées de France et le Museum national d’histoire naturelle, pour son projet consacré à l’histoire de l’histoire naturelle. Le 7 octobre, la ville a une nouvelle fois manifesté sa réactivité aux incitations nationales, en posant sa candidature à l'appel à manifestation d'intérêt lancé par la bibliothèque nationale de France, pour un conservatoire de la presse.
Héritage vivant
Loin de se limiter à sa valeur patrimoniale, le leg de Buffon imprègne l’agriculture et l’industrie locales. Dans le parc, le carré expérimental de sarrasin noir bio sert de vitrine à une filière peu gourmande en intrants chimiques, et riche de débouchés alimentaires.
De même, la grande forge royale de Buffon offre un étendard à la tradition industrielle qui se prolonge dans le leadership mondial exercé par plusieurs entreprises métallurgiques – Vallourec, Mannesmann – dans le domaine des tubes en inox sans soudure. Témoin de cette histoire, le canal de Bourgogne est devenu le vecteur d’un tourisme vert en plein essor.
Œuvre de longue haleine
Qu’attendre de plus après de telles consécrations ? « Etre retenu dans le programme des Petites Villes de Demain, c’est pouvoir poursuivre sereinement notre feuille de route et ne pas être laissé au milieu du gué. Car, c’est une œuvre de longue haleine ! », répond Laurence Porte.

L'amélioration de l'habitat complète la mise en valeur du patrimoine
En toile de fonds des rénovations patrimoniales, le tourisme, l’économie et l’habitat figureront au cœur de l’Opération de revitalisation du territoire en gestation. Laurence Porte espère créer les conditions d’une inversion de la tendance démographique issue de quatre décennies d’érosion, dans la ville de 5 000 habitants, cœur du bassin de vie de l’Auxois-Morvan qui en compte 60 000. Un défi à la mesure d’un département dont le tissu urbain tend à se résumer aux deux villes de Beaune et Dijon.