Plan "Marseille en grand": l’Assemblée nationale confirme les promesses de l’Etat

Dans un communiqué paru mardi 16 novembre, le Premier ministre Jean Castex se félicite de l’adoption par l’Assemblée nationale, sur proposition du gouvernement, de quatre amendements au projet de loi de finances 2022 confirmant des crédits pour financer le plan Ecoles de la Ville de Marseille et les transports de la Métropole Aix-Marseille-Provence.

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Les crédits pour financer le plan Ecoles de la Ville de Marseille et les transports de la Métropole Aix-Marseille-Provence confirmés au PLF 2022.

Ce ne furent pas des paroles en l’air. Le soutien à la rénovation des écoles et au déploiement des transports en commun, annoncé par le président de la République, lors de la sa visite à Marseille début septembre, se transforment en monnaies sonnantes et trébuchantes avec l’adoption, coup sur coup, par l’Assemblée nationale, de quatre amendements présentés par le gouvernement dans le cadre du vote du projet de loi de finances 2022 (PLF 2022).

Préfet en charge du plan " Marseille en grand "

L’Etat va ainsi accorder une subvention de 254 millions d’euros à la Ville de Marseille lui permettant de mener à bien son plan Ecoles de plus d’un milliard d’euros. Il servira à réhabiliter lourdement et à reconstruire les 174 écoles les plus vétustes et à mettre aux normes les quelque 300 écoles restantes. Des crédits au titre de la dotation de soutien à l’investissement local (DSIL) et de l’Anru, complétés par une garantie par l’Etat des emprunts contractés par la Ville, s’ajouteront à ces sommes.

Sur les quatre, deux amendements portent spécifiquement sur la mobilité. Comme promis, l’Etat va allouer une enveloppe de 256 millions d’euros de subventions à laquelle s’ajoute une avance remboursable de 744 millions d’euros.

Reste à établir la liste des projets. La nomination, début octobre, de Laurent Carrié, comme préfet à l’égalité des chances, également en charge du plan Marseille en grand, est là pour accompagner la métropole Aix-Marseille-Provence (AMP), en charge de la mobilité, et la Ville de Marseille, compétente en matière d’écoles.

En matière de mobilités, le plan de déplacements urbains (PDU) de la métropole, en attente d’approbation, prévoit 3,9 milliards d’euros de dépenses. Sur le seul territoire de Marseille, l’extension des lignes de tramway, les bus à haut niveau de service (BHNS) et la modernisation des lignes de métro mobilisent un investissement de quelque 1,25 milliard.

Les arbitrages en cours vont servir à « se mettre d’accord sur la liste des opérations à mettre en œuvre », a précisé Laurent Carrié lors de sa présentation à la presse le 21 octobre. A court terme, l’Etat et la métropole mettront en place le groupement d’intérêt public (GIP) qui « n’assurera pas la maîtrise d’ouvrage des opérations. Il sera là pour concrétiser les projets et identifier les financements », a-t-il ajouté.

Plan Ecoles

Sur le dossier des écoles, la feuille de route est claire. La Ville a réalisé plusieurs diagnostics qui lui permettent d’avoir une vision juste des besoins. Elle a également confié à Christophe Pierrel, nommé directeur général adjoint des services en septembre dernier, la mission de piloter le plan Ecoles. La société ad hoc, créée à la fin de l’année, aura pour tâche de lancer les premières opérations conventionnées en 2022.

La Ville a même reçu les forces vives du BTP en vue de « créer un écosystème » capable de répondre à l’urgence. « Nous voulons privilégier les TPE-PME locales. Or, nous craignons les appels d’offres infructueux vu l’énormité des besoins », a déclaré au Moniteur Pierre-Marie Ganozzi, adjoint au maire de Marseille en charge du plan écoles, du bâti et du patrimoine scolaire.

Inverser le calendrier

L’affaire est plus complexe pour la mobilité. La Ville de Marseille exprime des besoins pas nécessairement partagés par la métropole. Lors d’une conférence de presse, le 9 novembre, Audrey Gatian, adjointe en charge de la mobilité à la Ville de Marseille, a ainsi insisté sur la nécessité d’accélérer l’extension de la ligne T3 du tramway vers les quartiers nord, mal desservis par les transports en commun. L’opération, dont le chantier de la phase 1 (conception assurée par le groupement Egis, Carta Associés, Stoa et Ora Ito) va démarrer en 2022, prévoit d’aller jusqu’à la station du capitaine Gèze, au nord. Dans cette même direction, la phase 2, encore à l’étude, prévoit une nouvelle extension avec un terminus au niveau de la cité La Castellane.

Audrey Gatian souhaite voir cette ligne aller jusqu’à la gare TER de Saint-Antoine proche de l’hôpital nord. Pour cela, elle préconise « d’inverser le calendrier » en faisant « passer après », le projet d’extension de la ligne T2 (de la rue de Rome à la place du Quatre-Septembre), à l’ouest du centre-ville. Ce maillon de 2 km, en gestation depuis plus d’une décennie, est au stade du choix de l’équipe de maîtrise d’œuvre avec une livraison prévue en 2027, soit trois ans avant la desserte du début des quartiers nord

La Ville aimerait par ailleurs ne pas attendre 2030, date indiquée dans le PDU, pour faire aboutir le projet de desserte par le tramway des quartiers déshérités de la Belle de Mai et du Merlan. D’après Audrey Gatian, le tronçon de 4,7 km permettrait de desservir 120 000 personnes à ce jour privées de transports en commun. Reste que le projet, pour lequel l’élue a avancé un coût de 250 millions d’euros, est au stade des études d’opportunité.

Fluidifier les déplacements

De plus, le milliard d’euros d’aides de l’Etat ne va pas se limiter à des projets marseillais. Dans son communiqué, Jean Castex précise bien, en référence à la polémique sur les priorités qui agite les élus marseillais, que « ces crédits exceptionnels permettront de contribuer au désenclavement des quartiers nord de Marseille », mais aussi « d’améliorer la mobilité sur le territoire métropolitain ». Les BHNS programmés (La Fourragère, Aix, Istres, Martigues et Miramas), notamment, doivent justement contribuer à fluidifier les circulations entre les communes au sein de la métropole.

Parmi les autres projets qui pourraient bénéficier de la manne financière de l’Etat figure le Val’tram (coût estimé à 112 million d’euros HT et sous maîtrise d’œuvre du groupement Ingérop, Fondasol, States Architecture) qui doit relier, à l’est de Marseille, Aubagne à La Bouilladisse en réutilisant principalement la plate-forme de l’ancienne voie ferrée dite de Valdonne, soit un tracé périurbain de 14 km. Ce projet, au stade des études, devrait permettre de désengorger un axe autoroutier très fréquenté et de « s’inscrire dans le réseau express métropolitain et faciliter la mobilité des habitants sur le territoire du Pays d’Aubagne et de l’Étoile. Des connexions sont ainsi prévues avec le réseau TER, les lignes de cars de la métropole, les parkings », est-il écrit dans un document de la métropole.

Nouvelle architecture institutionnelle

L’aide de l’Etat s’assortit de conditions. « Ces engagements exceptionnels (…) doivent être accompagnés d’une réforme des modes de fonctionnement de la métropole d’Aix-Marseille-Provence afin de concrétiser rapidement les investissements. Ainsi, devront être engagées la simplification de la gouvernance métropolitaine, la clarification de la répartition des compétences entre la métropole et les communes membres, ainsi que la révision de leurs relations financières », a redit Jean Castex, avant de préciser qu’il se rendra à Marseille « d’ici à la fin d’année pour constater les avancées concrètes de la mise en œuvre du plan Marseille en grand ».

Il viendra notamment constater comment les élus métropolitains s’emparent de la nouvelle architecture institutionnelle proposée par Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires, lors de sa dernière visite, le 25 octobre. L’annonce principale est la fin programmée des conseils de territoire, vestiges des six intercommunalités fusionnées au sein d’AMP lors de sa création. Cette modification devrait être inscrite par le gouvernement dans un amendement à la loi « Différenciation, décentralisation, déconcentration et simplification (3DS) » examinée par le Parlement à partir du 6 décembre.

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