Planification locale des EnR (3/5) : Un nouveau champ pour les agences d’urbanisme

Une poignée d’agences d’urbanisme s'est saisie de la planification des énergies renouvelables, soit à partir d’une filière, soit dans une approche globale. Ces expériences confortent leur fédération nationale : « L’accélération de la production pose l’enjeu d’un accompagnement par l’ingénierie locale », diagnostique Léah Thesiger, chargée de mission Environnement et énergie.

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Méthane francilien
Révélé en 2022 par l'Institut Paris Région, le boom du méthane francilien donne la mesure de la puissance de l'agriculture dans la région capitale

L’étude francilienne sur la filière méthane révèle une vertu majeure de la planification territoriale : ouvrir les regards sur des réalités méconnues. Le constat s’applique ici à la ruralité de l’Ile-de-France, dont témoignent 42 unités de méthanisation en fonctionnement et 70 en projet, majoritairement portées par le milieu agricole.

Emergence du méthane

Sous-ensemble de l’agence d’urbanisme Institut Paris-Région, l’agence régionale énergie climat (Arec) a actualisé en 2022 les travaux initiés deux ans plus tôt sur ce sujet, et présentés le 25 novembre dernier lors de la première rencontre francilienne de la filière.

Avec cette étude, l’énergie du méthane rejoint celle du vent, identifiée de longue date comme un enjeu d’aménagement : le premier « plan paysage éolien » de l’Agence d’urbanisme de la région de Reims (Auddr) remonte à 2007. Une longue série de discordes paysagères s’est cristallisée autour de cette source d’énergie dans les 15 années suivantes.

Discordes éoliennes

La participation des urbanistes à ces débats peut contribuer à les dépassionner et à favoriser les appropriations locales, comme en a témoigné, le 13 septembre dernier, le colloque co-organisé par la Fédération nationale des agences d’urbanisme (Fnau) et EDF, sur le thème des éoliennes terrestres.

« L'analyse des réactions suscitées par cette filière révèle une fracture générationnelle flagrante », constate Léah Thesiger, chargée de mission Energie et environnement à la Fnau. Les jeunes se montrent ouverts à l’énergie du futur. Persuadée que les concertations en amont accélèrent le processus, l’urbaniste considère que le temps travaille pour l’éolien : « A l’usage, les gens s’habituent ».

Consensus solaires

Entre l’éolien pionnier et le méthane émergent, le solaire trouve aussi sa place dans l’échantillon d’études sur les énergies renouvelables recensé au sein de ses troupes par la Fnau : l’agence de Saint-Etienne s’est penchée sur la filière photovoltaïque dans la Loire ; celle de Bordeaux a travaillé en 2021 sur l’acceptabilité, en milieu agricole, des centrales solaires au sol sur site dégradé.

De cette dernière étude, la Fnau tire un bilan net : « Seul ce travail collectif de planification, entre les collectivités et les acteurs agricoles, peut permettre de faire émerger des projets solaires consensuels », concluent Karine Hurel, directrice adjointe, et Léah Tesiger.

Ferment métropolitain

Aux études par filière, s’ajoutent plusieurs approches stratégiques globales : l’agence d’urbanisme de  Bordeaux programme un travail sur l’intégration paysagère des ENR dans le parc naturel régional du Médoc ; ses homologues de Lyon et Saint-Etienne planchent sur la capacité des ENR à stimuler sur les coopérations entre les territoires de l’aire métropolitaine.

Dans ces travaux, les urbanistes retrouvent leur cœur de métier : Karine Hurel y voit autant d’occasions « d’expliciter les transformations à mettre en place, puis de repenser la ville de manière systémique et globale ».

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