La troisième saison se termine, fin octobre à la conserverie Arbocal, installée rue du soleil à Weiterswiller. Avec 30 000 bocaux et dix tonnes de fruits transformés, le bilan prévisionnel confirme la croissance de l’entreprise née d’un investissement de 200 000 euros réalisé en 2020.
Un lavoir reconverti
L’activité a donné une nouvelle vie à un ancien lavoir qui avait servi de dépôt jusqu’à la construction des ateliers communaux. « La commune a restauré l’enveloppe, nous avons réalisé l’aménagement intérieur », résume Agnès Divoux. Le process de la mini-usine respecte une trajectoire qui va de la réception des fruits à la vente, en passant par le laboratoire, l’épluchage, l’autoclave à vapeur, la mise en bocaux et l’étiquetage.
La mise en service de la machine centrale a nécessité une prouesse, pour rentrer dans l’enveloppe du bâtiment. L’entreprise Stéritech de Saverne a créé à cette fin un autoclave horizontal et de petite dimension, baptisé Goût’stave. L’industriel profite du prototype de Weiterswiller pour entamer une percée sur le marché mondial des petites conserveries.
Halte au gâchis !
Tout est parti d’un coup de cœur, après qu’Agnès Divoux et Dominique Morque ont acheté leur maison dans le village, en 2008. Le spectacle du dépérissement de vergers non récoltés et non entretenus leur serre le cœur. Sur la seule commune de Weiterswiller, ils comptent 1400 arbres. « Imaginez le gâchis, si on évalue la production annuelle moyenne à 20 kg pour 1000 arbres en bon état », poursuit Agnès Divoux.
De fil en aiguille, le couple en voie de reconversion se forme à l’entretien des vergers et contacte les propriétaires des villages environnants. La contribution du projet à la lutte contre le gaspillage séduit la commune, l’intercommunalité, le parc des Vosges du Nord, la région Grand Est et l’Agence de la transition écologique. En 2019, les deux entrepreneurs se décident.
Des prairies à la viande
Entre la production agroalimentaire, le paysage et l’immobilier, le lien se confirme à Bouxwiller : pour le compte de la communauté de communes de Hanau-la-Petite Pierre, l’établissement public foncier d’Alsace a acquis cet été, pour 1 M€, les locaux d’une ancienne boucherie-charcuterie, à la périphérie du bourg.
Ce portage immobilier s’inscrit dans une politique de création et de restauration des prairies naturelles. Dans la foulée de l’acquisition de l’immeuble par la collectivité, le PNR a lancé un marché d’étude de dimensionnement d’un atelier de transformation de la viande, au profit d’une trentaine d’exploitants respectueux d’un cahier des charges qui impose l’herbe comme alimentation de base du bétail.
Transition agricole
L’initiative contribue à la mise en œuvre du projet alimentaire territorial porté par la communauté de communes, mais son rayonnement pourrait dépasser les frontières de cette dernière, et même celles du parc naturel régional des Vosges du Nord.
Chargée de l’agriculture durable et de la transition alimentaire au parc, Lucile Figuière situe le futur atelier dans le projet de territoire : « Comment nous réorienter vers l’autonomie alimentaire et rendre possible l’installation des jeunes dans un foncier agricole saturé » ? Un partenariat à l’étude avec Terres de lien pourrait contribuer à répondre.
