Poitou-Charentes Les maîtres d'ouvrage jouent le jeu du mieux-disant

-Un système de cotation de l'offre des entreprises a été testé sur quinze marchés. -Il permet de pondérer le prix offert, par l'appréciation des capacités techniques et financières des candidats.

« Le problème de la fédération était que, outre une politique de prix suicidaires pour l'attribution des marchés publics, les entreprises ne pouvaient pas mettre en avant leur savoir-faire. En effet, elles étaient jugées sur l'unique critère du prix. D'un autre côté, les commissions d'appels d'offres ne disposaient que du prix comme critère de jugement », se souvient Eric Louvigny, secrétaire général de la Fédération régionale Poitou-Charentes du BTP.

Aussi, Jean Gautreau, économiste de la construction à Poitiers (1), a mis au point un « guide d'aide à la décision ». La nouveauté consiste à introduire une grille permettant au maître d'ouvrage de définir ses besoins techniques, financiers et qualitatifs débouchant sur des coefficients.

« Le maître d'ouvrage choisit et hiérarchise dans une "bibliothèque" de critères ceux qui lui semblent importants. Tous ces critères découlent de l'actuel code des marchés publics et sont conformes au projet de réforme du code. Ce qui confère à l'opération une parfaite légalité », précise Jean Gautreau. « Cette grille, jointe au dossier de consultations, permet d'asseoir le jugement des offres sur des éléments objectifs connus de tous ».

Un correctif du prix

La grille, remplie par l'entrepreneur, est analysée par la commission d'appels d'offres. A chaque critère sont affectés des points à partir desquels la commission peut classer les entreprises par ordre hiérarchique de compétences.

La moyenne des points obtenus est divisée par le nombre de point de chaque entreprise. On obtient un coefficient inférieur, égal ou supérieur à 1. « Plus le coefficient est inférieur à 1, meilleure est l'entreprise », conclut Eric Louvigny.

Ce coefficient va servir au moment de l'ouverture des plis. Le coefficient obtenu par l'entreprise X est appliqué au prix qu'elle a proposé. Autrement dit, si l'entreprise X bénéficie d'un coefficient de 0,9, son prix est « rabaissé » par rapport à d'autres, affectés d'un coefficient plus élevé. Ainsi, une entreprise arrivée troisième sur le seul critère du prix, peut emporter le marché après application du coefficient. A ce jour, sur les quinze appels d'offres ayant utilisés cette méthode, un tiers ont vu les lots échoir à des entreprises ainsi « repêchées », jugées mieux disantes alors qu'elles n'étaient pas moins disantes.

Cette procédure a été approuvée par les différentes administrations de tutelle et a été soumise à la Commission centrale des marchés. «Le système permet de faire la différence entre une offre anormalement basse, donc aberrante, et une offre volontairement basse, mais parfaitement recevable» , conclut Jean Gautreau.

Contact. Fédération régionale du b âtiment Poitou-Charentes. 26, rue Allende. BP 181. 86000 Poitiers. Tél : 05.49.61.20.66. (1) Jean Gautreau a animé la commission mieux disant du club qualité créé par le Comité régional des professionnels du b âtiment (Coreprobat).

PHOTO : Eric Louvigny, secrétaire général de la Fédération régionale Poitou-Charentes du BTP en compagnie de Jean Gautreau, économiste de la construction à Poitiers.

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