« Pour compenser la hausse de l'inflation, les entreprises doivent augmenter les salaires au maximum de leurs possibilités », Eric Heyer, directeur de l’OFCE

En France, l’inflation a atteint en mai 5,2 % sur un an. Pour Eric Heyer, directeur du département Analyse et Prévision à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) et membre du Haut Conseil des Finances publiques, les employeurs doivent participer à l’effort en augmentant les salaires au maximum de leurs possibilités, ni plus, ni moins.

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Eric Heyer, économiste, directeur à l'OFCE.

Que pensez-vous de la solution qui consiste à répercuter la hausse des prix sur les salaires ?

Les entreprises supportent déjà une partie du coût de manière obligatoire avec l’augmentation automatique du Smic, qui concerne 12 à 13 % des salariés en France. Au-delà, si on leur demande de prendre à leur charge l’intégralité du coût, elles risquent de répercuter la hausse des salaires dans leurs prix. On entrerait alors dans une spirale inflationniste, avec un indice des prix avoisinant les 15 % comme à la fin des années 1970 et au début des années 1980. La Banque centrale n’aurait alors d’autre choix que d’augmenter fortement les taux d’intérêt, ce qui provoquerait une récession. La diffusion du Smic sur les autres salaires doit donc dépendre des secteurs et des situations des entreprises : il faut faire du sur-mesure. Chaque employeur doit ainsi relever les salaires au maximum de ses possibilités.

Croyez-vous, comme le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, que l’inflation reviendra à un niveau plus classique d’ici à la fin 2023 ?

La question n’est pas tant de savoir si elle va perdurer, mais si les prix vont rester élevés. L’inflation va disparaître ou se normaliser à 2 %, mais on peut imaginer que les prix qui ont augmenté se maintiendront au même niveau. C’est pourquoi il faudrait petit à petit parvenir à des salaires qui reflètent ce niveau. Mais on ne peut d’emblée demander ce choc violent aux entreprises : le mouvement doit être progressif.

Que pensez-vous des versements ponctuels destinés à renflouer les finances des salariés, à l’image de la prime « Macron » ?

Pourquoi pas ? Il s’agit d’une mesure de court terme, mais qui peut justement permettre d’amortir le coût de la vie en attendant de savoir si le scénario de prix demeurant élevés se réalisera. Mais le dispositif présente des inconvénients : avec cette prime exonérée d’impôt et de cotisations sociales, coûteuse pour les finances publiques, le salarié n’acquiert pas de droits à la retraite ni à l’assurance chômage. Enfin, ce type d’avantages peut, dans certains cas, prendre la place des hausses de rémunération qui auraient dû être effectivement accordées.

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