Le groupe de travail précarité énergétique du Plan bâtiment Grenelle, dirigé par Philippe Pelletier et auquel a participé le CLER, s'est réuni le mercredi 6 janvier dernier pour la remise officielle du rapport. Plus de 80 acteurs de l'énergie, du logement et de l'action sociale ont planché pendant 3 mois sur cette thématique qui, peut-on déjà craindre à la lueur des déclarations des ministres présents lors de la remise, restera encore d'actualité un bon moment...
Force est de constater que les ministres présents n'ont pas semblé particulièrement enthousiastes devant les 9 propositions d'actions retenues dans le plan. Ils ont certes salué bien bas les prouesses consensuelles et les capacités de concertation incroyables des structures associées à la réflexion, mais ont balayé bien vite les espoirs d'avancées significatives aux niveaux national et local.
Benoist Apparu n'est pas clair sur la manière dont il compte utiliser les propositions
, secrétaire d'État au Logement et à l'Urbanisme, a qualifié le sujet de "prioritaire tant sur le plan social que sur le plan énergétique". Pour autant, ses déclarations sont restées plus que floues sur la manière dont il comptait utiliser concrètement les propositions du groupe de travail, suggérant plutôt l'adaptation à la marge de l'existant. Il a en effet salué le bon fonctionnement général de l'« éco prêt logement social » à 1,9 % ainsi que l'« éco prêt à taux zéro », qui contrairement à ce qui a été mentionné dans le rapport remis, seraient adaptés aux petits propriétaires en situation de précarité énergétique si ceux-ci sont présentés comme davantage solvables. La solution réside selon lui dans la négociation avec les banques.
M.Apparu préconise donc à ces ménages qui luttent avec le quotidien pour se chauffer, pour payer leur loyer, pour se nourrir, de se projeter dans un crédit sur quelques années et d'entreprendre des travaux de rénovation thermique dans leur logement ! Statu quo, en d'autres termes.
Le secrétaire d'État a également semblé satisfait des 500 millions d'euros alloués à l'Anah pour la rénovation du parc de logements privé, annoncés en décembre dernier dans le cadre du Grand emprunt. Est ce à dire que les 9 propositions présentées dans le rapport du groupe de travail, dont le coût global est estimé à 4 milliards d'euros sur 10 ans, ne bénéficieront d'aucun engagement financier supplémentaire de l'Etat ? Si tel est le cas, les actions concrètement mises en oeuvre promettent de rester bien dérisoires devant l'ampleur des chantiers nécessaires.
Valérie Létard semble oublier l'approche globale soutenue dans le rapport
Valérie Létard, secrétaire d'État auprès du Ministre d'État Jean-Louis Borloo, n'a pas non plus tenu un discours très encourageant. Elle a réaffirmé l'importance de cibler en priorité les petits propriétaires privés en milieu rural et les personnes âgées (mais quid des locataires du parc social ancien et mal entretenu ?), en insistant sur le fait que le vieillissement de la population risquait d'alourdir la représentation de ces ménages. Ceci n'est évidemment pas faux, mais l'approche globale soutenue dans le rapport, en essayant d'axer les actions sur la multiplicité des situations rencontrées, semble complètement oubliée ! La ministre est ensuite revenue brièvement sur l'ensemble des propositions, mais a nuancé ses propos et a fait attention de ne pas s'engager sur quoi que ce soit... tout en laissant entendre que les modifications de texte de loi étaient loin d'être acquises. Quant au coeur du dispositif proposé, à savoir intégrer systématiquement un volet de lutte contre la précarité énergétique dans les plans départementaux d'action pour le logement des personnes défavorisées (PDALPD), Mme Létard a indiqué que la démarche devrait rester volontaire, ce qui revient à laisser les choses telles qu'elles sont. La seule avancée concrète qui verra le jour très prochainement, est la mise en place d'un observatoire national de la précarité énergétique piloté par l'Ademe.
Entendre et observer c'est très bien, écouter et agir serait beaucoup mieux !