Interview

Provence-Alpes-Côte d'Azur : « La mobilité et le logement sont des enjeux de taille », Christophe Mirmand, préfet des Bouches-du-Rhône et de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur

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La métropole Aix-Marseille-Provence (AMP) milite pour la création d'un établissement public de la mobilité qui financerait ses projets de transports. Quelle est la position de l'Etat sur ce sujet ?

La mobilité est un enjeu de taille sur ce territoire où existent des phénomènes de congestion préjudiciables à son attractivité. De plus, la métropole est confrontée à deux enjeux budgétaires majeurs. D'une part, pour les phases 1 et 2 de la ligne nouvelle à grande vitesse (LNPCA), dont le coût est estimé à 3,5 milliards d'euros, elle porte avec le département des Bouches-du-Rhône 34 % de la part du financement incombant aux collectivités. Le projet vise notamment à réorganiser les fuseaux ferroviaires à la gare Saint-Charles, ce qui désaturera le nœud ferroviaire à Marseille et aura donc un impact important sur la mobilité. D'autre part, la métropole a adopté en décembre 2016 un agenda de la mobilité représentant un investissement de 7 milliards d'euros.

Un établissement public de la mobilité, rendu possible par la loi LOM, pourrait permettre d'alléger sa charge budgétaire grâce à des recettes qu'il convient d'identifier.

Cela fait partie des sujets de discussion. L'Etat a mandaté une mission interministérielle qui a rendu début mai son rapport d'étape. Son but est de passer en revue les priorités inscrites dans le futur plan de déplacements urbains (PDU) d'AMP [approuvé en octobre 2021, NDLR] et d'identifier les financements à mobiliser. La concertation devra être finalisée d'ici à fin 2021 pour pouvoir apporter des réponses et tenir les objectifs fixés dans le PDU.

Outre les questions de mobilité, le logement est un autre grand enjeu en Paca…

Effectivement. La région se caractérise par une forte tension du marché qui s'explique par la rareté du foncier. De plus, le prix très élevé du logement dans le parc privé a, de fait, un effet d'éviction pour une part importante de ses habitants. A cela s'ajoute une sous-production chronique de logements amplifiée par un marché qui met en concurrence les actifs, les retraités et les résidences secondaires (17 % du parc contre 9 % au niveau national). Il y a aussi un enjeu de cohésion sociale.

On estime que 12 % des habitants vivent dans des logements suroccupés. A Marseille, le taux de pauvreté s'élève à 26 % contre 14 % en moyenne nationale. Les 320 000 logements sociaux, qui représentent 13 % du parc régional, sont insuffisants. Il faut produire plus de 30 000 logements par an dans la région. Le fonds national d'aide à la pierre a fixé pour 2021 un objectif de 11 940 logements sociaux dont 4 500 PLAI.

Comment atteindre ces objectifs, sachant que le nombre de logements locatifs sociaux agréés en Paca est passé de 12 000 en 2019 à 7 300 en 2020 ?

En 2020, la commission nationale SRU, présidée par Thierry Repentin, a choisi la sévérité en faisant passer de 69 à 83 le nombre de communes carencées, c'est-à-dire qui ne respectent pas leurs obligations légales en matière de construction HLM. Il faut de la volonté collective et de la pédagogie. La rénovation de l'habitat ancien peut être une solution. Le fonds friches est un outil sur lequel je fonde beaucoup d'espoirs pour réaliser du logement, notamment social, et ainsi équilibrer le coût de certaines opérations. Plus largement, j'invite les communes à utiliser les financements de l'aide à la pierre.

L'Etat serait prêt à accompagner la Ville de Marseille dans la rénovation de ses écoles. Qu'en est-il ?

Il y a environ 77 000 élèves et 470 écoles à Marseille. Celles-ci se caractérisent par leur petite taille, ce qui est une contrainte pour la commune. Ce patrimoine est ancien et dégradé. Or, pour des raisons de qualité du service public et de diffusion des valeurs de la République, il doit absolument accueillir les élèves dans des conditions plus satisfaisantes. Constatant le retard dans sa rénovation et rejoignant un constat de la direction académique des services de l'Education nationale, la nouvelle municipalité a fait de ce sujet une priorité. Un diagnostic et une programmation sont en cours. Une société publique locale d'aménagement d'intérêt national (SPLA-IN) sur le modèle de celle créée pour la requalification du centre-ville de Marseille pourrait être une solution technique. Les réflexions ne sont pas encore abouties à ce stade. Le travail d'expertise technique se poursuit avec la Ville.

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