Le chantier de construction de la résille en béton fibré à ultrahautes performances (BFUP) de 20 000 m² qui enveloppe le stade Jean-Bouin, à Paris, est un véritable puzzle. « Nous devons poser 3 600 panneaux préfabriqués, dont 3 200 différents ! », s’exclame Christophe Carminati, directeur régional Ile-de-France de Léon Grosse, en charge du montage. C’est que la géométrie de l’enveloppe conçue par l’architecte Rudy Ricciotti, totalement dissymétrique, ondule dans les trois dimensions. Pour s’y adapter, les fins panneaux autoportants triangulaires - la seule forme qui permettait d’épouser cette courbure complexe, selon Christophe Carminati - varient subtilement dans leur longueur (de 8 à 9 m), leur largeur (de 2 à 2,5 m) et leur épaisseur (de 3,5 à 4,5 cm). Les panneaux, en Ductal de Lafarge, sont de deux types. En façade, ils dessinent un réseau tortueux aux mailles évidées. En toiture, le dessin se simplifie et les vides de la maille sont comblés par des inclusions de verre qui protègent le public de la pluie tout en laissant pénétrer la lumière. C’est là que le projet du stade Jean-Bouin innove réellement.
Deux premières sur le chantier
« Le BFUP n’avait jamais été marié au verre, et la toiture n’était du coup pas constructible au sens des DTU », illustre Christophe Carminati. Si la faisabilité d’une telle solution avait été démontrée par la maîtrise d’œuvre au moment de la conception, restait à prouver qu’elle était applicable. La justification a pris la forme d’une Appréciation technique d’expérimentation (Atex) obtenue au bout d’un an et demi auprès du CSTB. C’est la conception du joint d’étanchéité entre le béton et le verre qui a poussé les réflexions techniques le plus loin (voir ci-contre à droite).
Autre contrainte technique : la couverture, portée par 74 fléaux métalliques dont le porte-à-faux atteint 40 m, forme un large auvent au-dessus des gradins. Il fallait vérifier sa résistance aux vents turbulents.
Les simulations, réalisées sous des vents de 200 km/h avec une soufflerie numérique - c’est une autre première du chantier - ont montré que pour pouvoir suivre les déformations des souples fléaux, les panneaux de Ductal, rigides, devaient être liaisonnés aux fléaux par des attaches rotulées (voir photo 2, p. 28).
Sur le chantier, la complexité est d’abord d’ordre logistique : les panneaux, livrés en flux tendu, sont posés tête-bêche dans un ordre très précis permettant une mise en charge progressive de la charpente. Alors que les premiers terrassements ont démarré en août 2010, la livraison du stade est prévue pour mars 2013.






