75R, l'aluminium bas carbone et recyclé signé Hydro

Le groupe norvégien, connu en France pour ses marques Technal et Wicona , a présenté son nouveau produit contenant au minimum 75 % d'aluminium issu de la déconstruction. Son bilan CO2 est particulièrement faible.

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Aluminium à recycler, sur le site Hydro de Dormagen
Aluminium à recycler, sur le site Hydro de Dormagen

Recyclage et bas carbone : l'aluminium 75R, du groupe Hydro, résout une équation complexe. Fabriqué au Luxembourg à partir de matières triées dans une usine dernier cri située à Dormagen (Allemagne), ce produit affiche un bilan carbone fortement amélioré. De quoi rendre l'aluminium compétitif face au PVC et à l'acier en termes d'impact sur le climat.

Recyclage

Première étape du processus, valoriser l'aluminium issu de la déconstruction. Hydro s'est pour cela appuyé sur le site de Dormagen, près de Düsseldorf, acquis en 2015 et fortement modernisé. Les camions y apportent de l'aluminium issu de la déconstruction, principalement des profilés de menuiserie. Ils sont réduits en segments de petite taille. Un aimant extrait ensuite les résidus ferreux, puis le passage sur le tamis supprime les fines. L'utilisation d'un courant de Foucault magnétise les métaux non ferreux, éliminant ainsi les plastiques et autres matières. Ce cycle se déroule une seconde fois, avec passage au rayon X pour calculer la masse volumique et éliminer ainsi les métaux comportant d'autres éléments  (cuivre, manganèse...). Une machine unique dans la filière aluminium.

Aluminium  bas carbone

Cette matière première part ensuite sur le site de Clervaux (Luxembourg), à 200 km de Dormagen. Elle est alors fondue pour constituer 75 % au moins du nouvel aluminium R75 du groupe. Alors qu'un aluminium moyen produit 10 kg de CO2 par kg de matière, et que la production d'aluminium est responsable de 3 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, 75R affiche un impact CO2 inédit, de 2,3 kg par kg de matière. "L'aluminium recyclé est considéré comme ayant un impact carbone nul", explique Jean-Marc Moulin, directeur développement durable Solutions extrudées du groupe Hydro. A condition toutefois que le recyclage porte bien sur des métaux issus de la déconstruction, et non de chutes de production. Restent les 25 % restants, constitués pour partie au moins d'aluminium non recyclé. "Nous pourrions théoriquement monté à 100 % de recyclé, mais nous courrions alors des risques en termes industriels, notamment au moment de l'anodisation ou en termes de corrosion", poursuit Jean-Marc Moulin. Une limite qui s'explique par le fait que l'aluminium ancien contenait plus de zinc et de cuivre qu'aujourd'hui.

Produit fini

Au niveau du produit fini, l'effet est parlant. Une étude européenne de 2012 mesurait l'impact carbone d'une fenêtre à deux battants, avec double vitrage. Toutes choses égales par ailleurs, un châssis en aluminium donnait un bilan de 500 kg de CO2 par fenêtre, contre 400 pour un aluminium avec 25 % de produit recyclé en fin de vie, 200 pour le PVC, 195 pour le PVC recyclé et 105 pour le bois. Les mesures effectuées avec 75R (qui n'existait pas à l'époque de l'étude) conduisent à un bilan CO2 de 200 kg par fenêtre.

En termes de bilan CO2, cette innovation remet donc la menuiserie aluminium dans la course par rapport aux matériaux concurrents. Un atout qui n'a pas manqué d'intéresser le groupe Hydro en France : la division hexagonale achète toute la production de l'usine de Clervaux, la construction bas carbone entrant l'année prochaine dans la réglementation française.

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