Rénovation : une enveloppe qui fait école

Dénudée, l'école maternelle Bois-Perrier à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) faisait grise mine. Sa vétusté et le manque d'isolation et de ventilation imposaient des travaux - démarrés à l'été 2022 - pour améliorer le confort des enfants, été comme hiver. « Plutôt que de démolir cette bâtisse construite dans les années 1960, nous avons fait le choix de la rénover », pose Lisa Armone-Caruso, architecte chargée de mission à la direction recherche et innovation de la Ville de Rosny-sous-Bois, aux côtés de son collègue, Mel Chevron, ingénieur structure bois et coordonnateur OPC. Ensemble, ils assurent la maîtrise d'œuvre intégrée pour revêtir ce bâtiment d'un nouveau manteau.

« Dès le départ, nous souhaitions l'habiller de bottes de paille. Mais l'édifice long de 100 m repose sur des semelles en béton superficielles qui ne peuvent pas accueillir de poids supplémentaire », explique l'architecte. Une contrainte accrue par les fissures qui dégradent déjà ce bâtiment, installé dans une zone soumise au retrait-gonflement des argiles. Pour éviter d'affaiblir la structure, une solution audacieuse a donc été adoptée : ajouter une enveloppe extérieure autoportante, déportée d'une trentaine de centimètres de la façade, pour ne pas la surcharger, voire la renforcer par endroits.

Circuit court. Cette ossature bois, support des bottes de paille, est fondée sur une centaine de pieux métalliques vissés à 6 m de profondeur, peu impactants pour les sols. Elle présente en outre la particularité d'être réalisée en bois local, provenant de petites scieries, Dupriez et Tarteret, respectivement situées dans l'Oise et dans l'Aube. « Comme nous ne pouvons pas imposer de critère de localité dans un contrat de marché public, nous avons contraint les entreprises dans le choix d'essences feuillues pour les diriger vers des ressources locales », explique Mel Chevron. Les équipes ont ainsi opté pour du chêne non traité. Bien que peu valorisé dans la construction du fait de sa croissance longue et de ses troncs peu rectilignes, il possède l'avantage d'être issu d'une gestion en sylviculture douce qui privilégie les coupes d'éclaircie et le mélange d'essences pour favoriser la biodiversité.

Sur cette structure, 3 000 bottes de paille de 37 par 47 cm sont posées à plat de façon à combler l'écart avec la façade existante. Si elles sont pour moitié constituées de paille de blé, une céréale abondante sur le territoire francilien, l'autre moitié des bottes est composée de thinopyrum intermedium - plus connu sous le nom de kernza - en provenance du Rhône et de la Normandie. La direction recherche et innovation de la ville de Rosny-sous-Bois mène actuellement des travaux sur cette plante vivace. Comme elle repousse sur plusieurs années consécutives, elle participe à la régénération des sols. « Les essais de développement fongique et de réaction au feu sont en train de se terminer », indique Chloé Zordan, ingénieure recherche au sein de la même direction.

Sobriété. En façade, les revêtements choisis participent de cette logique de sobriété. Ainsi, un enduit à base de chaux et de sable sera employé à l'étage, tandis qu'un bardage en châtaigner non traité provenant de la Sarthe habillera le rez-de-chaussée. « L'entreprise de pose l'a prégrisé avec de la paille de fer et du vinaigre afin d'anticiper et homogénéiser son vieillissement naturel », note Mel Chevron. Enfin, la toiture sera isolée au moyen de verre cellulaire. « Même s'il utilise 66 % de matières recyclées, sa production nécessite beaucoup d'énergie », déplore Lisa Armone-Caruso, qui espérait mettre en œuvre du liège, une technique complexe à réaliser sur cette toiture à différentes pentes.

Une fois la rénovation achevée en septembre 2024, l'ouvrage ne devrait pas dépasser les 30 heures/an au-dessus de 28 °C contre 260 heures actuellement. Un aboutissement pour cette opération engagée dans la démarche Bâtiments durables franciliens, en passe d'obtenir le niveau Or en conception-réalisation.