Avec l’Hôtel Bouctot-Vagniez, toute rivalité serait vaine. Le monument classé qui abrite la chambre de commerce et d’industrie de la région Picardie (CCIR) est un édifice emblématique d’Amiens (Somme). Edifié en 1910 à l’orée d’un parc, le bâtiment hésite entre le néogothique et l’Art Nouveau. Le duo Chartier-Corbasson a donc pris le parti de noyer son extension sous la verdure. Ainsi les espaces publics (auditorium, salle de réception) disparaissent dans un fouillis végétal, une colline échevelée qui sert de socle aux volumes des bureaux. « Nous avons rebondi sur le paysage artificiel créé par une cascade en fausse rocaille située dans le jardin, à côté du site », expliquent les architectes. Ce choix du mimétisme a généré une forme complexe. « Dans ce projet, tout le défi tenait au fait qu’il s’agit d’un bâtiment en deux parties séparées par une faille, deux blocs rectilignes derrière une façade toute en bosses et en pentes », notent les concepteurs, qui rappellent qu’une structure en béton avait été envisagée au stade du concours.
Une charpente-puzzle irrégulière

Cette option est toutefois vite apparue délicate à mettre en œuvre pour une morphologie aussi accidentée. L’ossature du bâtiment est donc mixte : les cubes des bureaux et autres locaux ont une structure béton, et le paysage artificiel repose sur une véritable crinoline d’acier. « Le choix du métal était évident. Ainsi, nous avons pu réaliser facilement la forme souhaitée par les architectes, explique Joseph Noc, ingénieur structure/charpente métallique, du bureau d’études AEN (filiale de Betom Ingénierie). Grâce au logiciel de traçage, nous parvenons à créer des plans de fabrication très exacts. » Produits en atelier, « tous les éléments de cette charpente-puzzle irrégulière étaient différents », souligne de son côté Nicolas Prouet - de l’entreprise Launet - chargée de sa fabrication et de son assemblage. « Un chantier atypique mais d’une complexité néanmoins maîtrisée de bout en bout. »