Les ingénieurs du bureau d’études RFR avaient prévenu : « Compte tenu des efforts qui cheminent dans la structure, le hissage de la partie centrale de la passerelle est une opération techniquement délicate, à précision millimétrique. » Bon présage dès le début de l’opération, le vent et le fleuve sont calmes : Éole souffle à moins de10 m/s et la Seine file à moins de 0,4 m/s, les maxima requis.
La double barge de 123 mètres de long sur laquelle la structure a fait le voyage depuis l’usined’Eiffel à Lauterbourg (Bas-Rhin) peut donc être mise en travers du fleuve au moyen de câbles préalablement tendus au fond de l’eau. Une fois la partie centrale de la future passerelle (dénommée « la lentille » à cause de sa forme) en position à l’aplomb de ses points de levage, elle est soulevée par quatre vérins avaleurs de câbles d’une capacité de 105 tonnes chacun placés au bout de chaque console. D’abord, elle est levée de deux millimètres. Son comportement est scruté par une quinzaine de personnes et une batterie de capteurs d’instrumentation. Aucune anomalie n’étant constatée, le levage reprend et sera finalement effectué en trois quarts d’heure. Tout au long de l’opération, différents états de charge intermédiaires nécessitent la manipulation de butons provisoires et l’ajustement des vérins des tirants situés dans les fondations. Des articulations de montage – quatre axes de 100 mmde diamètre – sont ensuite soudées entre les consoles et la lentille, toujours suspendue à ses vérins. Les pièces de liaisondéfinitives seront fabriquées sur mesure dans les jours suivant la mise en place.
Avec sa lentille, la 4e passerelle de Paris – et 37e pont – franchit la Seine sans appui sur 190 mètres. Elle atteindra 270 mètres avec ses passerelles d’accès et assurera le lien entre les berges de Seine, mais aussi entre le parvis de la Bibliothèque nationale de France et le parc de Bercy. Son ouverture au public est prévue pour l’été 2006.
