Surélever pour densifier en créant 70 studios de 19 m qui s’ajoutent aux 184 existants, le tout en site occupé… Telle est l’équation résolue par l’architecte - et charpentière diplômée - Marie Schweitzer pour la rénovation-extension d’un foyer de travailleurs migrants rue de Tolbiac, à Paris XIII. Construit à la fin des années 1970, il est composé de deux bâtiments de quatre et cinq niveaux.
Pourquoi choisir le bois ? En premier lieu, en raison de la présence de carrières sous les fondations : seule une superstructure légère était admissible en termes de surcharge (trois niveaux réalisés pèsent autant qu’un seul niveau en béton). Seconde raison : la nécessité pour le gestionnaire de reloger sur place les résidents durant les travaux. Pari tenu grâce à la rapidité d’assemblage de la construction, intégralement préfabriquée en atelier : une semaine de montage par étage de 400 m. « Nous avons commencé les travaux par la surélévation de manière à en bénéficier pour y accueillir les habitants lors de la rénovation des étages inférieurs existants », explique l’architecte. « Le projet n’aurait jamais vu le jour si je n’étais pas également charpentière, précise-t-elle, dans la mesure où il fait appel à des techniques importées de Finlande, de Suisse, etc. »
Charte d’entretien
Ainsi, planchers et toiture sont réalisés « sans une goutte de colle », à l’aide de dalles O’Portune inventées par l’ingénieur Jean-Luc Sandoz : des planches massives d’épicéa des Vosges, brutes de sciage, vissées entre elles, laissées apparentes dans le bâtiment, et qui permettent d’économiser un faux plafond. Les façades (deux plaques Fermacell, structure bois avec 22 cm d’isolant et panneaux OSB de 10 mm) s’habillent de 22 mm de mélèze (de Russie) sur lame d’air et liteaux. Les menuiseries sont en moabi. Marie Schweitzer souligne ici la volonté de tous les partenaires de contourner les obstacles normatifs, et l’important travail accompli avec les pompiers. Enfin, en investisseur avisé, le maître d’ouvrage a reçu de l’architecte une « charte d’entretien du bâtiment » pour les cinquante prochaines années, afin de transmettre les « bons réflexes » aux futurs gestionnaires…





