Sylvain Fornes, artisan, ferme son entreprise et explique pourquoi

Sylvain Fornes, 57 ans, dirige une entreprise de peinture comptant un salarié et deux apprentis à Montanay (Rhône). Il est par ailleurs administrateur national de la Capeb, et explique les raisons de sa mise à l'arrêt

Sylvain Fornes
Sylvain Fornes

"Depuis la semaine dernière, je suis convaincu, en tant que chef d’entreprise et citoyen, qu’il est impératif de se confiner. Je précise que je ne suis pas hypocondriaque et qu’en 30 ans, je n’ai vu le médecin que 5 fois. Mais là, les gens ne se rendent pas compte de la gravité de la situation. Il faut arrêter la propagation de ce virus et arrêter de faire prendre des risques à nos salariés que l’on peut mettre en danger.

De surcroît, soyons pragmatique : en risquant de faire contaminer nos salariés, nous prenons un risque d’être poursuivi devant les prud’hommes et je ne voudrais pas connaître un « prud’homme boom ». Il en va de même à l’égard de nos clients, souvent peu jeunes. La semaine dernière déjà, certains m’ont appelé pour m’indiquer qu’ils ne voulaient plus me voir. Je n’ai pas attendu ces coups de fils pour avoir des doutes. Il est hors de question de mettre ces personnes en danger. Et si c’est le cas, on peut rechercher notre responsabilité.

Etre accusé de la mise en danger d'autrui, chacun se rend-il compte de ce que cela signifie ? Trop de collègues le prennent à la légère. L’un d’eux m’a demandé de lui mettre une bouteille au frais pour l’apéro. Je lui ai dit qu’il fallait arrêter les contacts, mais qu’au sortir de la crise, je mettrais deux bouteilles de côté. Je suis d’autant plus sensibilisé - mais ce serait pareil autrement – dans la mesure où mon salarié est mon fils. J’ai prévenu les clients, laissé le matériel chez eux, appelé pour décaler les chantiers à venir et mis mon salarié et les deux compagnons au chômage technique. Mes compagnons étaient en arrêt depuis la semaine dernière, puisque je leur avais demandé d’utiliser une semaine de congés à solder. On ne redémarrera pas avant mi à fin avril dans le meilleur des cas. Franchement, je m’attendais à des mesures plus restrictives que celles annoncées par l’Etat. Quant à moi, n’ayant pas d’assurance perte d’exploitation, je ne percevrai rien. Certes, nous aurons droit à un décalage des charges mais si les indemnisations sont calculées par une comparaison à mois équivalent, ça va être compliqué."

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