Un collège neuf de 6 414 m2 SP conçu en ossature bois et paille à Paléficat, quartier au nord de Toulouse. C'est une première dans le cadre d'un appel d'offres public en Haute-Garonne et un choix de maîtrise d'œuvre audacieux de la part de l'agence clermontoise CRR Architecture. « Au niveau du concours, nous avions formulé l'exigence d'un bâtiment labellisé E + C-, niveau E3C2, rappelle Hélène Aspar, directrice du patrimoine du département, maître d'ouvrage. Grâce à la proposition de construction en matériaux biosourcés formulée par le maître d'œuvre, nous sommes allés encore plus loin. Associée à des solutions techniques telles que la géothermie et l'installation de panneaux photovoltaïques, elle nous a permis d'atteindre le niveau E4C2 et de décrocher la labellisation Bâtiments durables Occitanie niveau or dès la conception. » En choisissant la paille, la première contrainte était de s'assurer de la disponibilité de la matière au moment des travaux. « Nous avons convoqué le bon sens paysan et anticipé afin de remédier aux éventuels caprices de la saisonnalité qui auraient pu nous faire manquer de paille », résume l'architecte Jean-Pierre Rambourdin. Dès décembre 2021, l'équipe de maîtrise d'œuvre a donc informé les producteurs locaux des modalités de l'appel d'offres, avec le soutien de la chambre d'agriculture. Cet appel d'offres a finalement été notifié en mars 2022, puis en juillet 2022 pour les 17 autres lots.
De quoi laisser le temps à l'attributaire désigné de moissonner les 630 m3 de paille nécessaire, de la conditionner en bottes rectangulaires de 37 x 47 x 90 cm et de la stocker sous abri pour garantir un taux d'humidité toujours inférieur à 20 % et une densité de 100 à 110 kg/m3. « Des contrôles étaient effectués pour cela tous les quinze jours », précise Irache Huerga Castro, chef de projet pour le département.
Inévitable flambée des coûts. Côté ossature bois, c'est l'entreprise locale AV. CO. Bois qui a préfabriqué en usine la structure poteaux-poutres et les murs caissons dans lesquels les bottes de paille seront incorporées. « Cela nous fera gagner quatre à cinq mois sur la durée totale des travaux », évalue le maître d'œuvre. A ce jour, les fondations sont terminées. La réalisation du plancher bas du rez-de-chaussée, des cages d'escalier et des ascenseurs est en cours. Le remplissage des murs en paille interviendra entre juillet et octobre.
Une mise en œuvre accélérée, qui n'a cependant pas permis au département d'éviter la flambée des coûts de travaux, « essentiellement due à la hausse des prix de l'énergie », selon l'architecte. « Nous tablions sur un montant de travaux évalué à 13,5 M€ l'année dernière, et nous sommes finalement à 18,5 M€, chiffre Hélène Aspar. Il est difficile de mesurer si cette hausse provient du choix constructif ou de l'inflation, mais en aucun cas nous n'avons pensé renoncer car c'est notre rôle de collectivité de construire ce genre de bâtiments durables. »