Un ministre d'État, Jean-Louis Borloo, un conseiller spécial de la Présidence, Henri Guaino, un leader du projet, André Merlin, président des conseils de surveillance de RTE et d'ErDF, et pas moins de douze présidents d'entreprises étaient présents, lundi 05, pour la signature à Paris d'un protocole d'accord en vue de la création d'un partenariat sous-titré «initiative industrielle pour les réseaux électriques méditerranéens» et dont la forme juridique n'est pas encore fixée.
L'objectif est de faciliter les interconnexions entre le Nord et le Sud de la mer méditerranée grâce à la création de lignes sous-marines à courant continu haute tension. Il s'inscrit dans le cadre du Plan solaire Méditerranéen, qui prévoit d'installer une capacité de production d'électricité d'origine renouvelable, notamment solaire, de 20 gigawatts dans les pays au sud et à l'est de la Méditerranée.
Proposer le schéma directeur technique et économique d'un réseau transméditerranéen
André Merlin, a précisé que Transgreen vise, «non pas à réaliser, mais à proposer un schéma directeur du réseau Nord-Sud en Méditerranée, et à donner un cadre institutionnel pour l'exportation d'électricité du Sud vers le Nord».
Il n'existe à ce jour qu'une seule double ligne à courant alternatif de 1,4 GW reliant l'Afrique et l'Europe, sous le détroit de Gibraltar. Jean-Louis Borloo estime donc que « ces autoroutes énergétiques sont absolument indispensables". Transgreen est un projet «technologiquement majeur pour nous, qui socialement marque le décollage de la problématique dans la zone méditerranéenne, avec un élément de solidarité majeure entre l'Europe et les pays du sud de la Méditerranée », a insisté le ministre de l'Ecologie, de l'Énergie, du Développement durable et de la Mer.
Une initiative complémentaire au concept Desertec
Selon ses instigateurs, Transgreen est complémentaire du concept lancée par la fondation Desertec, initiative allemande qui compte une vingtaine de partenaires et vise à créer d'ici à 40 ans un vaste réseau d'installations éoliennes et solaires en Afrique du nord et au Moyen-Orient, censées fournir à terme jusqu'à 15% de la consommation d'électrité de l'Europe. Pour les membres fondateurs de Transgreen, le développement à grande échelle de centrales solaires et de lignes de transport de haute capacité permettra à l'énergie solaire, à concentration et photovoltaïque, d'être compétitive. Les travaux de Transgreen devraient être conduits en coordination avec Desertec.
Une structure sans représentant du continent africain
La structure juridique définitive de Transgreen devrait être fixée d'ici à la fin du mois de juillet, pour un démarrage fin 2010. Une structure qui est «ouverte» a insisté le président du conseil de surveillance de RTE, notamment afin d'accueillir les représentants du Sud. Les 13 entreprises signataires, hier, sont en effet majoritairement, pour l'heure européenne : les espagnols REE et Abengoa (déjà dans le projet allemand Desertec), comme l'allemand Siemens, ensuite, les français AFD, CDC Infrastructure, Atos Origin, Areva, EDF (leader du projet), Nexans, Prysmian, RTE ; le représentant d'Abou Dhabi, Taqa étant l'unique partenaire du Sud. Et, dès la semaine prochaine, H. Guaino a indiqué que le GRT italien Terna, devrait signer à Rome ce protocole d'accord pour la création du consortium.
Jean-Louis Borloo a indiqué qu'il fallait faire «attention à ne pas se limiter à ce bassin là», puisque les projets de l'ouest africain par exemple devraient aussi pouvoir à terme en bénéficier. Objectif 2020 : disposer de 5 GW d'interconnexions entre Nord et Sud... A un milliard d'euros la ligne, c'est déjà près de 8 mds d'euros à trouver.