Un béton façonne un mur d’eau géant

Matériau -

Sur un pont-rail d’Aix-en-Provence coule… une cascade. Alors qu’il s’écoule une simple nappe d’eau, l’effet est obtenu grâce à un habillage de panneaux en béton fibré, matricés et implantés de façon spécifique.

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Le concours, lancé par la Société d’économie mixte d’équipement du Pays d’Aix (Semepa) dans le cadre des travaux de finition et d’embellissement des espaces publics de l’opération Sextius-Mirabeau, à Aix-en-Provence, visait à habiller le versant sud du pont-rail Juvenal. Un projet emblématique puisque l’ouvrage, qui constitue une porte d’entrée routière de la ville, donne accès au Forum culturel où se concentrent réalisations architecturales et lieux culturels majeurs.

La Ville excluait tout habillage végétal - le tympan nord est déjà revêtu d’un mur de ce type réalisé par Patrick Blanc - et toute structure minérale, afin d’éviter les dangers liés aux escalades ainsi que la dégradation par des tags. « J’ai imaginé un mur d’eau qui constitue le pendant du mur végétal arrière et qui est en adéquation avec l’image de la ville », explique Christian Ghion, le designer de l’ouvrage. L’objectif était de créer un véritable effet de cascade, et non un simple ruissellement. Il fallait néanmoins maîtriser la chute d’eau afin de prévenir tout danger pour les véhicules et d’empêcher d’importantes déperditions d’eau qui auraient rendu le projet économiquement non viable.

« Pour créer cet effet d’ébullition, nous avons réalisé plusieurs prototypes en polyuréthane, grâce à une machine de découpe numérique », explique Daniel Raynaud, responsable de l’entreprise de préfabrication Béton High-tech. Les tests ont débouché sur un matriçage de 15 mm de profondeur.

Résistant mais malléable

Restait à effectuer des essais à partir d’éléments en vraie grandeur, les plaques de vêture de 44 mm d’épaisseur (1,848 x 1,533 m) étant réalisées en béton fibré à ultra-hautes performances (BFUP), en l’occurrence le Ductal de Lafarge. « Le matériau, soumis à une ambiance humide permanente, devait répondre à des contraintes structurelles et physico-chimiques sévères - vent, température, gel-dégel - tout en permettant les grandes précisions de moulage induites par le matriçage », commente Romain Ricciotti, un des responsables du bureau d’études.

Le mur de 525 m2 (largeur 47,75 m), caractérisé par une hauteur de chute maximale de 15 m, est constitué de 185 panneaux, répartis en trois familles et réalisés dans dix moules différents. Après ruissellement, les eaux sont récupérées dans des caniveaux (2,30 x 0,50, 0,60 m) en BFUP venant épouser la courbure de la voûte, puis dirigées vers deux bassins (2 x 27 m3) de stockage enterrés. Elles sont alors réinjectées, via un réseau de tuyauteries cheminant sur les côtés et au sommet de l’ouvrage, tout ce dispositif d’alimentation étant soigneusement dissimulé par des capots verticaux en U et des couvertines en L également en BFUP.

« Une des difficultés du chantier résidait dans la grande précision de pose des pièces. Pesant jusqu’à 325 kg, celles-ci sont fixées sur une ossature en Inox et doivent respecter une pente de 3 %, car cette inclinaison contribue à produire l’effet cascade », explique Georges Nave, directeur du développement de Médiane. Pour ce faire, l’entreprise a opté pour un échafaudage intégral de l’ouvrage, la mise en œuvre des panneaux s’effectuant par le haut, au moyen d’une grue automotrice.

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