En construisant le bâtiment qui allait abriter 1 500 chercheurs, ingénieurs et doctorants de la Cité Descartes, située à Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne), l’architecte Jean-Philippe Pargade a d’abord voulu donner corps à l’idée de campus, constitué de bâtiments épars, reliés par un tapis végétal. Ce qui tombe bien dans la mesure où le site, qui fait partie d’un des dix pôles de compétitivité du Grand Paris, est axé sur la thématique de la « ville durable ». Là sont regroupés un grand nombre d’institutions liées à la fabrique de la ville, dont l'Ecole des Ponts ParisTech, le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) et le Pôle scientifique et technique de Paris-Est qui est logé précisément dans ce nouveau bâtiment. Pour donner au campus sa dimension paysagère et l’intégrer dans la trame verte du cluster « Ville durable » (qui s’étend de Champs-sur-Marne jusqu’à Val-d’Europe), l’architecte a réparti le programme en deux corps de bâtiments. Formant une haute et longue muraille le long du boulevard, le premier est de type tertiaire. Le second se déploie à ses pieds sous forme de vagues en béton recouverte de végétation, tel un jardin émergeant du sol naturel avec lequel il forme une même promenade paysagère (voir page précédente). 80 % des locaux étant occupés par l’Institut français des sciences et technologies des transports (Ifsttar), ce bâtiment bas abrite aussi des locaux partagés avec d’autres entités scientifiques du site. Sous trois voûtes parallèles de plus de 200 m de longueur prennent place un restaurant, un auditorium, un centre de documentation, des ateliers, des laboratoires et - clou du programme - une plate-forme d’essais d’éléments de structure (voir ci-dessous).
« Cette halle unitaire et ouverte renforce la synergie entre l'Ifsttar et ses partenaires », souligne Claire Sallenave, directrice déléguée du site. Jean-Philippe Pargade, qui souligne son aversion pour le « geste architectural », explique avoir voulu ici rendre hommage aux utilisateurs du lieu en réalisant un véritable ouvrage de génie civil : une couverture ondulante en béton d’un seul tenant, sans joint intermédiaire de dilatation-rétraction (voir page suivante). Pour cela, elle est arrimée par ferraillage à six poteaux situés au centre du bâtiment tandis qu’elle ne fait que prendre appui sur les autres poteaux latéraux via des plots en néoprène qui lui autorisent de petits mouvements horizontaux. Autre défi : réaliser des courbes et contre-courbes qui ne soient pas facettées mais continues. Pour cela, les coffrages, disposés dans le sens longitudinal du bâtiment, ont été courbés au moyen d’une forêt d'étais réglés à différentes hauteurs. A l'arrivée, fluidité spatiale garantie.
