Un nouveau projet national pour booster les enrobés à l'émulsion

Moins d’énergie et plus de matériaux recyclés : les enrobés à l’émulsion ont tout bon. Pourtant, ils ne représentent que 5 % des enrobés utilisés en France. Une situation que le nouveau projet national IDEE entend bien renverser.

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Les enrobés à l'émulsion permettent une réduction de consommation d'énergie de 20% et une baisse des émissions de gaz à effet de serre de 30% par rapport aux enrobés conventionnels à chaud.

Le projet national IDEE pour Infrastructures décarbonées aux enrobés à l’émulsion a été lancé officiellement fin novembre sous l’égide de l’Irex, l’Institut pour la recherche appliquée et l’expérimentation en génie civil. L’assemblée générale a réuni 80 participants tandis qu’une soixantaine de partenaires potentiels, entreprises de travaux, maîtres d’ouvrage, bureaux d’études, universités, écoles ou associations, ont été identifiés pour intégrer le consortium. Le but de ce nouveau projet : mieux comprendre le comportement de ces matériaux routiers pour mieux les développer.

30 % d’émissions en moins

Contrairement à un enrobé conventionnel élaboré à chaud, le procédé de fabrication des enrobés à l’émulsion n’inclut ni séchage ni chauffage. Une tonne d’enrobé à l’émulsion fabriquée en usine consomme ainsi 20 % d’énergie en moins et réduit de 30 % les émissions de gaz à effet de serre, rappelle l’étude de faisabilité et de montage du projet. Un mieux-disant environnemental encore renforcé par la capacité du procédé à incorporer des agrégats d’enrobés recyclés.

Seulement 5 % des enrobés

Préservation des ressources, réduction de la consommation d’énergie, baisse des émissions… l’enrobé à l’émulsion coche toutes les cases de la transition écologique et pourrait s’adapter à plus de 80 % du linéaire routier français. Et pourtant, ce matériau utilisable de la couche d’assise à la couche de roulement ne représente que 5 % des enrobés utilisés en France pour la construction ou l’entretien des infrastructures routières, des voiries et des aménagements urbains, en stagnation depuis une dizaine d’années. « Plusieurs aspects scientifiques et techniques empêchent aujourd’hui un déploiement plus large de ces matériaux », constate l’étude.

Mieux maîtriser le mûrissement

En premier lieu, le comportement mécanique de ce type d’enrobé évolue beaucoup plus dans le temps que les enrobés bitumineux à chaud. Il connaît notamment une phase de mûrissement, au cours de laquelle la compacité du revêtement se renforce. Or « ce phénomène n’est pas entièrement maîtrisé », relève l’étude, sans compter que les méthodes de mûrissement accéléré en laboratoire ne sont pas jugées satisfaisantes. Le projet veut donc « mieux connaître le comportement au jeune âge des enrobés à l’émulsion pour renforcer leur résistance durant la montée en cohésion et le mûrissement ».

Des formulations à optimiser

Par ailleurs, l’incorporation d’agrégats d’enrobés (AE) à des taux importants nécessite souvent un apport supplémentaire d’émulsion pour mieux remobiliser le liant vieilli de ceux-ci, ce qui a des conséquences sur les propriétés des mélanges, les matériaux et les procédés, « dans la pratique, cela se traduit par des appréhensions lors du choix du taux d’AE à incorporer », souligne l’étude de faisabilité et de montage du projet. Grâce à des essais, les partenaires du PN IDEE espèrent optimiser la formulation des mélanges.

Démarches empiriques

Déployer plus largement les enrobés à l’émulsion nécessitera également d’améliorer les connaissances sur leurs mécanismes d’endommagement. Enfin, l’étude de faisabilité souligne  que « la formulation, l’évaluation et le dimensionnement relèvent souvent de démarches empiriques généralement issues de compétences locales et non de pratiques généralisées à partir de référentiels techniques partagés ». Les partenaires du PN IDEE ont du pain sur la planche.

Un budget de 5 M€

Le projet est présidé par Philippe Pourcel, directeur des mobilités, politiques techniques et innovations du département de l’Hérault, avec Vincent Gaudefroy, chercheur du laboratoire Matériaux pour infrastructures de transport de l’Université Gustave-Eiffel, comme directeur scientifique et Cédric Leroux, à la tête du Core Center de Colas, en tant que directeur technique. Son budget est évalué à 5 millions d’euros sur quatre ans, dont 70 % en nature pris en charge par les partenaires, le reste étant apporté par les cotisations et, dans une moindre mesure, par l’Etat.

A la recherche de collectivités partenaires

L’heure est maintenant à la recherche de partenaires, en particulier pour trouver des collectivités à même d’apporter un retour d’expérience sur de précédents chantiers d’enrobés à l’émulsion et de permettre la réalisation de nouvelles opérations dans le cadre du projet. Un atelier de présentation aura lieu lors des journées techniques route qui se tiendront à Nantes les 5 et 6 février 2025 et le premier comité de pilotage du projet national est prévu en mars.

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