Une cyberattaque menace le projet de stockage des déchets radioactifs à Bure (Meuse). Les salariés d’Ingérop, l’ingénieriste français qui intervient en tant que maître d'œuvre de Cigéo (Centre industriel de stockage géologique), ont reçu des menaces par courriel, révèle "Le Monde" dans un article mis en ligne jeudi soir. L’attaque informatique a été portée dans la nuit du 10 au 11 juin via l’envoi de mails aux 1 700 salariés du groupe, évoquant des « actions diverses visant votre entreprise et les personnes impliquées dans le projet Cigéo ». Et appelant les salariés à transmettre toutes les informations confidentielles à leur disposition sur le projet de centre d’enfouissement des déchets radioactifs à une adresse électronique prétendument sécurisée, poursuit le quotidien qui a enquêté avec l’appui de médias allemands. Ce message aurait été envoyé par Les Monstres de Cigéo, un collectif fraîchement créé de militants anarchistes opposés au centre d'enfouissement de Bure. Une dizaine de jours après la cyberattaque, le collectif a commencé à publier des documents confidentiels concernant Ingérop. On y trouve notamment des retours d’entretien de recrutement, des échanges entre l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) et la préfecture de la Meuse, des fiches techniques, des études de dimensionnement des ouvrages, des notices d’utilisation d’outils informatiques ou encore le calendrier détaillé des travaux.
Pour faire face à cette campagne de dénigrement, la direction d’Ingérop a demandé à ses collaborateurs ayant reçu des messages menaçants de les rediriger vers une boîte aux lettres dédiée. Les mots de passe ont également été renforcés. Yves Metz, le PDG d’Ingérop, a même envoyé un courriel à ses employés, les appelant à la plus grande prudence et à la plus haute discrétion vis-à-vis de ces attaques. Contacté par "Le Moniteur", le groupe n'a pas donné suite à nos sollicitations.
Hackers non identifiés
Malgré l’enquête conjointe menée par la France et l’Allemagne, via la section du parquet de Paris spécialisée dans la cybercriminalité en coopération avec le parquet de Cologne, les hackers n’ont toujours pas été identifiés.
A Bure, l’ingénieriste français intervient depuis 2012 en tant que maître d’œuvre pour le compte de l’Andra. Le groupe réalise, en partenariat avec la société Technip (groupement Gaiya) les études de conception (architecture, génie civil, équipements, organisation du chantier…) en vue de construire le futur centre de stockage enfoui à plus de 500 m de profondeur.
Le gouvernement a annoncé fin septembre la tenue d’un débat public sur le plan national de gestion des déchets et matières radioactives (PNGDMR) au mois de décembre. Parallèlement, un centre d’information et de ressources à destination du grand public a été lancé sur le projet Cigéo qui soulève une farouche contestation d’associations écologistes.
