Les œuvres ne sont pas encore là, mais le chef-d'œuvre est déjà en place. Au cœur de Paris, la Bourse de commerce achève sa métamorphose. Elle abritera la collection d'art contemporain de François Pinault, qui dévoilera ses fastes en juin 2020. Pour l'instant, la rotonde est vierge des moindres toiles, sculptures ou installations comme du moindre visiteur.
Au cœur de l'édifice, le monumental cylindre de béton - haut de 9 mètres pour 29 mètres de diamètre - incite à la contemplation. Dans un moment de tension poétique audacieuse, sa rigueur géométrique contraste avec l'édifice circulaire du XVIIIe siècle duquel il naît et dans lequel il prend corps.
Cette plasticité, seul le béton sait la prodiguer. Matériau fétiche de Tadao Ando et support de son expression artistique, coulé en place de part et d'autre d'une âme creuse, impeccablement lissé, avec ses trous de banches laissés apparents, calepinés au millimètre près aux dimensions des tatamis chers à l'architecte japonais, il force l'admiration par sa finesse d'exécution.
Pourtant, le béton suscite plus souvent la controverse que l'admiration. Épuisement des ressources naturelles et émissions carbone démesurées sont autant d'arguments à l'encontre de son utilisation.
Ethique contre esthétique, épineuse question. Les efforts pour réduire l'empreinte carbone de ce matériau, tant au moment de sa formulation qu'à celui de sa mise en œuvre, pourraient offrir une porte de sortie. La prouesse de la Bourse de commerce nous oblige à pousser encore les investigations pour ne pas le condamner définitivement.