Julien Bodennec, élève ingénieur aux Arts et métiers, ramène d'outre-Atlantique l'idée de participer au Solar decathlon. Ainsi naît le projet Napevomo (« Est-ce que tu vas bien ? » en langue Cheyenne). L'équipe, constituée en majorité d'élèves du centre Arts et métiers ParisTech de Bordeaux, s'enrichit d'un architecte et d'un designer. Du caractère éphémère de l'implantation à Madrid et du respect pour le sol où la maison sera construite, l'équipe a fait une philosophie : « Représenter une feuille qui se pose sur le sol sans l'abîmer et aboutir à cette courbe qui caractérise la maison », explique Gonzalo Rodriguez Grau, l'architecte chilien du projet, doctorant en sciences du bois à l'université Bordeaux I.
La maison n'est pas qu'une enveloppe aux performances thermiques supérieures, mais un endroit où il fera bon vivre. Un jeune designer, Benoît Beaupuy, travaille le confort intérieur et le mobilier.
La structure de la maison est en pin des Landes, un produit local. Il sera mis en œuvre selon un procédé « d'aboutage bois vert » mis au point par la société Beynel. En limitant le séchage du bois, il le rend plus économe en énergie et lui assure plus de souplesse pour des formes courbes. Pour Yves Goisnard, gérant de la menuiserie Goisnard Frères chargée du montage de la structure bois et de l'isolation, « la difficulté est de démonter et remonter la maison en dix jours à Madrid. Nous avons conçu spécifiquement des pièces d'ancrage en métal ».
Cogénération
Outre le choix d'une isolation bois, la stratégie thermique fait appel à l'évapotranspiration par un toit et un mur végétalisés, à l'ajout de pavés et carreaux d'argile cru assurant un déphasage de diffusion de la chaleur de 12 h, à la surventilation nocturne et à un échangeur passif à matériau à changement de phase (paraffine). Napevomo sera par ailleurs la seule maison du Solar decathlon à recourir à un autre équipement que le panneau photovoltaïque. Le concentrateur solaire cylindro-parabolique, développé par Exosun, est un système de cogénération. Le miroir concentre les rayons lumineux sur les cellules photovoltaïques disposées sur l'axe focal. Un circuit d'eau refroidit les cellules et les maintient entre 70 et 80 °C. Le système produit ainsi électricité et eau chaude sanitaire. Les 90 litres d'eau consommés par jour passeront dans un lombrifiltre. 10 000 vers de terre y digéreront lessive et savons.
L'équipe Napevomo a réussi à embarquer avec elle 17 partenaires industriels.



