Voilà un projet qui ne traîne pas. Signée au mois de décembre 1997, l'implantation de l'usine Toyota, à Onnaing, près de Valenciennes, devient déjà réalité. A commencer, bien entendu, par les terrassements, qui représentent pour le moment un marché de 130 millions de francs, sur un investissement total évalué par le constructeur automobile japonais à 4 milliards de francs.
La contrainte numéro un de ce chantier symbolique : les délais. Le groupement d'entreprises retenu par Toyota - quatre sociétés du groupe Eiffage - s'est en effet engagé à déplacer 1,5 million de mètres cubes de terres d'ici au 30 novembre. Au mois d'avril prochain débutera la seconde phase de terrassements, soit un million de mètres cubes supplémentaires, pour s'achever en juillet 1999.
Le challenge ? Réussir à exécuter les réglages et le traitement des terrains à la chaux dans un temps record, donc, mais en plus dans une région au climat arrosé, à une période de l'année pas vraiment idéale ! A noter : avant l'arrivée des engins de terrassements, l'inspection du site de la future usine nippone a permis de mettre au jour des vestiges paléolithiques vieux de 40 000 ans.
Limons jaunes et bruns, sur des épaisseurs variables
« La première phase est d'autant plus sensible que le terrain se compose de limons très sensibles aux intempéries : environ 2 m de limons bruns sur des limons jaunes, dont les épaisseurs ne sont pas régulières », indique Vincent Godon, ingénieur méthodes de Fougerolle Ballot. « En conséquence, nous devons en permanence réajuster les mouvements de terre. La gestion des opérations et des équipes est donc très stricte, pour les mises en remblai et l'adaptation des traitements, d'autant que la caractéristique du chantier est que nous nous trouvons sur une plate-forme de surface relativement réduite : 2 km sur 1 km. »
Pour répondre à ces contraintes, les entreprises ont mobilisé 150 hommes et 70 engins de terrassement, engagés dans un ballet logistique réglé avec la plus grande précision. Ce parc totalise une puissance de 25 000 CV, qui consomment jusqu'à 55 000 litres de carburant par jour. Il se compose plus précisément de trois échelons de scrapers 631 E, d'un échelon de pelleteuses Caterpillar 375 et de tombereaux de 50 t, de deux échelons de pelleteuses Liebherr 974, avec une vingtaine de tombereaux de 35 t, ainsi que de cinq échelons de traitement des sols au mélange chaux-ciment.
Des Japonais rigoureux et curieux
La maîtrise d'ouvrage du chantier Toyota est pour le moins originale, de par sa nationalité. Les Japonais se montrent très exigeants et très rigoureux. Ils sont secondés dans leur travail de contrôle par l'Apave. « Notre client est très pointilleux sur les remblais, les épaisseurs, ou les compactages », souligne Vincent Godon. « C'est très motivant pour les entreprises ». La plate-forme d'Onnaing est en réalité d'un intérêt tout particulier pour les Japonais, qui sont plutôt habitués à travailler en terrain rocheux chez eux. Les terrassements « à l'européenne » dans les limons du nord suscitent forcément leur curiosité.
FICHE TECHNIQUE
Maître d'ouvrage : Toyota.
Entreprise : Fougerolle Ballot (mandataire), avec SGTN, Tinel, et Beugnet Grands Travaux.
Marché : 130 millions de francs TTC.
PHOTO : Les épaisseurs variables de limons jaunes et de limons bruns obligent à une gestion très stricte des traitements à la chaux, sur un chantier très exposé aux intempéries.
