VAULX-EN-VELIN : Le travail sur l'espace public change l'identité d'une ZUP

Le quartier de la Thibaude, dans la ZUP de Vaulx-en-Velin (Rhône), a bénéficié, entre 1997 et 2000, d'une requalification qui transforme totalement ses espaces extérieurs dans une optique de «résidentialisation».

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A la fin des années 60, la décision est prise : sur les terrains maraîchers qui occupent les basses terres entre le Rhône et le canal de Jonage, à l'est de Lyon, est lancée la construction de la ZUP de Vaulx-en-Velin : 7 quartiers, 9 500 logements, 35 000 habitants. « Conçue après 1968, la ZUP de Vaulx-en-Velin se distingue des autres par son parti pris piétonnier et paysager, écrit Hélène Hatzfeld, enseignante à l'école d'architecture de Lyon (1). Prenant explicitement le contre-pied de la ville traditionnelle, elle n'a ni rues bordées de trottoirs (puisqu'il n'y a pas de flux automobiles), ni alignements réguliers de façades, ni vraies places. » Trente ans après, l'innovation urbaine n'a pas été jugée concluante. A la Thibaude, dans la partie est de la ZUP, le « plateau piétonnier », espace vert collectif au statut incertain, a perdu au fil des ans toute qualité d'usage, notamment par abandon progressif de son entretien. Les vastes parkings semi-enterrés (deux places par logement !) où les habitants étaient invités à laisser leur voiture ont largement contribué à la déqualification du paysage avec leur dalle de toiture émergeant à un mètre au-dessus des maigres plantations. Les locaux collectifs résidentiels (LCR), prévus pour que les locataires se rencontrent, n'ont jamais réellement fonctionné.

Si bien que le parti a finalement été choisi de requalifier le quartier en prenant le contre-pied des généreux principes qui avaient présidé à sa conception, au grand dam de son architecte en chef de l'époque, René Bornarel : « On veut transformer la ZUP en une ville dans laquelle on circule en voiture, ce qui est en contradiction avec sa conception de base. Je pense qu'il est difficile de transformer la ZUP en ville traditionnelle. Sa structure est ce qu'elle est (2). »

En 1995, dans le cadre du grand projet urbain (GPU), la communauté urbaine lance les premières études, menées par l'urbaniste Guy Vanderaa : redécoupage du parcellaire en clarifiant ce qui relève des espaces privés (appartenant à trois propriétaires, l'Opac du Rhône, l'Opac de Villeurbanne et l'Opac du Grand Lyon) et de l'espace public (géré par la Ville de Vaulx-en-Velin), suppression de 3 tours de logements sur les 12 existantes, suppression des LCR, création d'une rue ouverte au trafic automobile avec stationnement latéral, aménagement d'une place publique clairement identifiable.

Par la suite, l'agence de paysage In Situ est chargée de la conception des nouveaux espaces extérieurs. La première tâche des paysagistes est de leur redonner une lisibilité en délimitant soigneusement les différentes entités territoriales par des clôtures, mais aussi en redonnant une orientation aux immeubles : des avants - petites placettes minérales connectées à la rue - et des arrières - jardins plantés de bouleaux. De grands éléments structurent l'espace public à l'échelle du quartier : une grande traversée piétonne rectiligne traitée en sol stabilisé borde le côté sud du quartier. Flanquée de jardins familiaux, elle gère la transition avec le quartier pavillonnaire mitoyen. L'autre traversée est la nouvelle rue à double circulation qui sinue entre les bâtiments. Voirie traditionnelle, elle intègre le stationnement dans deux bandes latérales, par ailleurs, plantées d'arbres (paulownia). Au centre du quartier, la nouvelle place publique rectangulaire fédère les trois groupements d'habitations. Espace de repos, mais aussi espace de jeux, elle bénéficie d'un dessin très sophistiqué : bordures béton en forme d'ellipse qui accueillent des plantations de pins, alignements de sophoras, cercles en sol souple qui reçoivent les éléments de jeux. Au-delà des théories urbaines, ce luxe affiché redonne une habitabilité à des espaces qui en étaient totalement dépourvus et probablement une fierté à ses habitants.

(1) In « Vaulx-en-Velin au-delà de l'image », ouvrage issu d'un séminaire mené à l'école d'architecture de Lyon en 1998. Editions du Certu, 2000.

(2) Ibid.

FICHE TECHNIQUE (p.131) :

Maîtrise d'ouvrage : communauté urbaine de Lyon

Maîtrise d'oeuvre (conception) : In Situ, paysagistes ; Bruno Dumétier, architecte

Maîtrise d'oeuvre (réalisation) : services techniques de la communauté urbaine

Coût des travaux : 20 millions de francs HT

PHOTOS :

Clôtures et plantations permettent de mieux identifier le statut des espaces : jardins, passages, aires de jeux, entrées d'immeubles.

Etat des lieux avant la requalification

Jardins en arrière d'immeubles et aires de jeux.

La grande place publique, traversée par la nouvelle voirie.

Les emprises des parkings semi-enterrés ont été réduites.

Des jardins familiaux ont été créés.

Entre la ZUP et le quartier pavillonnaire qui la jouxte, une traversée piétonne et une bande de jardins familiaux forment un espace de transition.

PLAN :

Plan du quartier avec les nouveaux espaces publics

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