Trois jours à peine après avoir annoncé son projet de fusionner avec Vinci, le groupe Veolia Environnement jette l'éponge devant la ferme opposition manifestée par le groupe de BTP.
Les "conditions ne sont pas réunies pour mettre en oeuvre un rapprochement amical entre les deux groupes destiné à créer le leader mondial de l'environnement urbain et de l'aménagement du territoire", justifie Veolia samedi dans un communiqué.
De ce fait, Veolia "décide de ne pas donner suite au projet".
Le groupe, qui avait toujours indiqué que ce rapprochement ne se ferait qu'avec l'accord des deux conseils d'administration, exclut en outre de se lancer dans une opération hostile.
"Nous avons toujours dit que ce rapprochement serait amical et pas hostile", a déclaré à l'AFP une porte-parole de Veolia Environnement.
De son côté, le groupe Vinci, récemment ébranlé par le départ mouvementé de son PDG historique Antoine Zacharias, n'a pas souhaité faire de commentaires.
La décision de Veolia ne fait que confirmer "l'opposition de l'ensemble de l'entreprise, y compris celle du conseil d'administration, a néanmoins commenté une source proche de Vinci.
Veolia, présent dans les domaines de l'eau, de la propreté, de l'énergie et des transports, avait annoncé mercredi vouloir proposer une fusion amicale à Vinci, à la fois constructeur de bâtiments, d'infrastructures de transport et un gestionnaire de parkings, d'aéroports et d'autoroutes.
Vinci avait aussitôt rejeté la démarche, la qualifiant d'"hostile" et dépourvue de sens économique et industriel. Vendredi, il avait campé sur ses positions.
Veolia avait toutefois tenté une offensive de charme par le biais des analystes financiers et de la presse.
Le groupe avait ainsi dévoilé les grandes lignes de son projet pour convaincre de la pertinence d'un tel mariage qui devait donner naissance au leader mondial de l'environnement urbain et de l'aménagement du territoire.
Cette opération devait prendre la forme d'un échange de titres. Il aurait créé, expliquait-il, des synergies de coûts et de revenus d'un montant qui pourrait atteindre au bout de trois ans 700 millions d'euros d'EBITDA (excédent brut d'exploitation) annuel.
Le nouveau groupe ainsi constitué aurait réalisé un chiffre d'affaires de près de 50 milliards d'euros, aurait compté près de 400.000 collaborateurs et aurait bénéficié d'importants avantages concurrentiels ainsi qu'une bonne implantation géographique et d'une offre globale multi-services forte.
Ces arguments avaient été reçus avec scepticisme par les administrateurs de Vinci qui avaient fait valoir auprès de l'AFP qu'il n'y avait "aucun intérêt économique industriel à faire cette opération".
Ils avaient en particulier relevé que sur les 700 millions d'euros de synergies avancés par Veolia, 400 millions concernaient les coûts liés à la fusion.
Management et administrateurs étaient surtout fermement opposés à un échange en titres avec Veolia, un groupe lourdement endetté.
Cette annonce avait été également mal perçue par les salariés qui avaient fait savoir qu'ils étaient vivement opposés au projet.
"Cette brève offensive de Veolia ne met toutefois par Vinci à l'abri d'une autre attaque", a commenté une source proche du dossier. Vendredi, les administrateurs admettaient que devant une offre en cash, les actionnaires seraient dans l'obligation de la regarder.
Delphine Touitou (AFP)