Le terminal méthanier du port de Barcelone (Espagne)va s’équiper d’un procédé de récupération du froid résiduel libéré lors de la regazéification du gaz naturel liquéfié, pour climatiser plusieurs sites tertiaires et industriels de sa zone portuaire. La solution, baptisée Cold Box, et qui a fait l’objet d’un brevet espagnol, a été développée par le groupe français Veolia.
De -160 °C à des températures positives
Pour bien comprendre ce procédé, il faut d’abord connaître la chaine de liquéfaction du gaz naturel. Acheminé par gazoduc de son lieu de gisement jusqu’à une usine de liquéfaction qui dispose d’une façade maritime, il devient liquide lorsqu’il est refroidi à - 160 °C. Ce procédé permet de réduire son volume d’un facteur de près de 600 pour un même pouvoir calorifique.
Le gaz naturel liquéfié (GNL) est alors stocké dans des réservoirs, avant d’être chargé à bord de méthaniers, des navires géants spécialement conçus pour cet usage – le GNL étant constitué à plus de 90 % de méthane. La cargaison est ensuite déchargée sur un terminal de regazéification. Là, le liquide est remonté dans des températures positives soit par des échangeurs à ruissellement d’eau de mer, soit par combustion d’une partie du gaz. L’acheminement du gaz est alors possible par gazoduc jusqu’au consommateur final.
131 GWh d’énergie locale par an
C’est donc l’énergie libérée lors du processus traditionnel de regazéification qui est récupérée. Cette solution permettra de générer 131 GWh d’énergie locale par an. Le réseau urbain qui l'utilisera alimente notamment le Palais des congrès de la capitale catalane ainsi queplusieurs sites tertiaires et industriels, et le grand marché alimentaire Mercabarna, tous situés dans la zone portuaire.
Mise en service prochaine
Après 5 ans de travail, les premières études entre Veolia et le gestionnaire gazier Enagas remontant à 2019, la mise en service devrait avoir lieu au 2e trimestre 2024. Le groupe semi-public gestionnaire du réseau gazier espagnol Enagas est propriétaire de l'installation, tandis que Veolia rachète le froid et le revendra localement.
Ce processus permet d’éviter les émissions liées à la production d’énergie qui auraient été nécessaires en l’absence de récupération d’énergie, « soit plus de 42 000 tonnes de CO2 évités annuellement », vante Veolia dans un communiqué. « La réplicabilité du projet initié à Barcelone, qui permet de transformer le froid perdu en une énergie locale, disponible et respectueuse de l'environnement, ouvre un potentiel très important », a commenté Estelle Brachlianoff, directrice générale de Veolia. Le groupe indiquait par ailleurs à l’AFP avoir « d'autres prospects à l'international », sans pouvoir préciser dans quels pays ni le montant investi à Barcelone.
