Depuis le 1er janvier, l’association Agglomération Trinationale de Bâle (ATB) s’est transformée en Eurodistrict (ETB). Qu’est-ce que cela va changer ?
D’abord, cela va nous permettre d’approfondir la coopération tri-nationale. Nous ne partons pas de zéro. Beaucoup a déjà été fait. Un nouveau chapitre est à écrire. L’ATB a choisi le statut d’association de droit français depuis 2002, mais nos trois régions travaillent ensemble depuis 1995, essentiellement dans les domaines de l’aménagement du territoire et des transports. L’Eurodistrict embrassera de nombreux domaines : la santé, l’éducation et la formation, le développement économique, la sécurité, l’environnement, etc. Par exemple, nous avons lancé un projet pilote de coopération hospitalière entre les partenaires allemand et suisse. Je souhaite que la partie française s’y associe. Plus que des actions ponctuelles, c’est désormais une stratégie de développement commun qu’il faudra définir et mettre en œuvre dans une plus grande transparence vis-à-vis des populations, des forces économiques et des instances politiques.
L’Eurodistrict regroupera les compétences distinctes de l’Agglomération Trinationale de Bâle, de la conférence d’agglomération et de l’instance d’information et de conseil Infobest Palmrain. Pour les élus aussi, ce sera source de simplification.
Le périmètre de l’Eurodistrict sera-t-il étendu ?
Oui, je le souhaite et c’est prévu. Nous recevons des candidatures de collectivités bien au-delà du périmètre actuel de l’agglomération urbaine. Des régions plus rurales de la Forêt-Noire font acte de candidature. Elles ont un potentiel touristique et vocation à nous rejoindre. Evidemment, il y aura des limites. Le bassin de population concerné peut passer d’environ 600 000 à près de 800 000 habitants.
Quelles sont vos ambitions pour l’ETB ?
Notre volonté partagée est de créer une institution plus efficace pour notre espace de vie commun et d’approfondir son ancrage démocratique. Vous souligniez que nos statuts étaient « froids ». Pour nos populations, les frontières nationales sont tombées depuis longtemps. 20 000 frontaliers français et plus de 15 000 Allemands travaillent en Suisse. Je souhaite que ces populations puissent s’identifier à l’Eurodistrict, qu’elles y adhèrent par l’esprit, mais aussi par le cœur. Je sens une attente. Aux élus de travailler dans ce sens, dans la durée. Nos systèmes politiques et nos cultures administratives sont différents. Nous agissons par la force de nos administrations nationales respectives. Nous avons appris à travailler ensemble et à être tolérants. Ces différences peuvent être une force. Il faut créer un consensus entre les trois partenaires.
Partagez-vous l’ambition économique mondiale de Bâle ?
Bâle a une longue histoire. Son poids économique et son rayonnement culturel dépassent les frontières de l’Europe. Elle est le porte-drapeau de l’Eurodistrict, mais elle présente aussi des points faibles : elle perd des habitants, alors que, par exemple, Lörrach en gagne. Avec Saint-Louis, nous avons nos propres atouts industriels et de recherche-développement. Plutôt que d’une polarisation exclusive autour de Bâle, je préfère parler de polycentrisme, de travail en réseau. Il faut s’enrichir mutuellement. C’est ensemble que nous devons nous positionner dans la compétition mondiale.
Qu’attendez-vous de la programmation européenne Interreg IV, prévue pour la période 2007-2013 ?
Interreg III a globalement apporté deux millions d’euros à nos projets. Interreg IV démarre en 2008. Avec l’Eurodistrict, nous nous donnons un visage et un poids politiques plus clairs. Nous sommes la seule région transfrontalière trinationale en Europe incluant un membre extérieur à l’Union. Cette situation exceptionnelle peut influencer favorablement Bruxelles et Strasbourg.
