Sillonnés par l’un des plus vaste et plus dense système de drainage de France, les Watringues, près de Dunkerque, comptent 1 000 km de canaux et de fossés sur 85 000 ha dont l’entretien est placé sous la responsabilité de syndicats. Sans ce réseau, cet espace serait recouvert par les eaux, une partie du territoire, ancien delta du fleuve Aa, aujourd’hui plaine agricole, se situant au niveau de la mer voire en dessous. L’écoulement des eaux doit être assuré à tout moment vers le port de Dunkerque où elles sont rejetées en mer du Nord par pompage.
Deux interventions par an. Lorsque le niveau s’élève, l’eau a plutôt tendance à remonter de l’aval vers l’amont. Sur ce terrain plat, toute dégradation du lit, toute reprise des végétaux freine voire bloque le flux la pente des fossés de drainage restant faible. Les possibles inondations montrent donc à quel point la vigilance des « jardiniers » ne doit jamais se relâcher. Si les équipes de l’Usan (l’Union des syndicats d’assainissements du Nord) effectuent de nombreuses interventions, cela n’empêche pas de fréquents recours à des entreprises pour les curages, faucardages, fauchages et recépages. Pour limiter l’effondrement des fossés en forme de trapèze, les pieds de leurs berges sont consolidés par des planches. « Deux passes d’entretien ont lieu dans l’année, explique Alain Kempa technicien de l’Usan, afin de tenir les cours d’eau le plus propre possible. La maintenance régulière permet de diminuer les curages (tous les 10 ans en moyenne, parfois 20 sur certains tronçons), les couverts herbacés permettant de maintenir le sol ».
Terrain instable. Les interventions mécaniques obéissent ici à des contraintes particulières. La principale est l’instabilité du terrain. Dès que les berges s’imbibent de pluie, les engins à roues courent le risque de s’enfoncer. C’est pourquoi, Jean-Luc Courtois, directeur des travaux de STC, préfère opérer avec des pelles hydrauliques à chenilles comme sur un tronçon de Bois-Grenier géré par le syndicat de Lys-Deule, avec une Case Poclain de 22 t équipé d’un bras de 11 m et de chenilles à tuiles de 75 cm, préférables aux tuiles marais, plus débordantes et pouvant poser problème lors des franchissements d’ouvrages. Elles sont en effet suffisamment « porteuses » pour opérer sans risque par n’importe quel temps le long des berges instables. Les machines disposent d’une bande de quelques mètres de large à l’aplomb des fossés que les agriculteurs doivent laisser libres pour le passage des matériels et les déblais de déchets végétaux auxquels s’incorporent des boues. La Case Poclain travaille avec un panier de faucardage Herder, constructeur hollandais spécialisé dans l’outillage intervenant dans l’eau. Cet équipement, fabriqué à la commande pour les pelles hydrauliques, se fixe sur le bras avec une tête d’adaptation. Les échanges d’outils sont possibles.
1 km traité chaque jour. « Quand nous programmons l’achat d’une nouvelle machine, souligne Jean-Luc Courtois, c’est toujours en pensant aux possibilités de monter des équipements supplémentaires pour travailler sur les canaux ». La pelle doit comporter un circuit hydraulique basse pression qui assure une bonne adéquation entre la pression et le débit pour garantir un fonctionnement adéquat avec ce type d’outillage. Le panier de faucardage est employé, dans la même passe, aussi bien pour sectionner et récolter les roseaux poussant dans le fond du lit que les végétaux sur les flancs intérieurs du fossé. Une machine ainsi équipée doit traiter en moyenne 1 km de berges par jour, temps de déplacements compris.




