Alors que la Nasa se prépare à renvoyer des astronautes sur la Lune, Toulouse (Haute-Garonne), ville jumelée avec le ciel et les étoiles, y emmène déjà virtuellement le grand public. Sa Cité de l’espace, un parc ludique et éducatif de 4 ha qui œuvre depuis 1997 à vulgariser la connaissance du cosmos propose, depuis fin 2023, d’embarquer à bord du LuneXplorer.
Cet équipement, dont le volet architectural a été conçu et définitivement livré en septembre 2024 par l’agence locale Bétillon & Freyermuth, permet de tester les conditions d’un décollage en fusée, puis d’un alunissage.
Pour cela, il abrite un type d’engin incontournable dans l’entraînement des spationautes : une centrifugeuse. En prenant place dans celle produite expressément pour la Cité de l’espace par la société Intamin, les visiteurs ressentent les effets d’une accélération jusqu’à 2 g, soit deux fois leur poids. Le voyage est court - dix minutes -, mais pour compléter le dispositif, tout un univers entoure la machine. A commencer par la quasi-sphère qui l’englobe.
Le LuneXplorer prend en effet place sous un dôme de béton de 25 m de diamètre, construit dès 2000. Alors appelé le Terradôme, le bâtiment était destiné à la découverte de la planète bleue et s’affichait comme un globe aux couleurs des continents et des océans. Le projet lancé en 2020 pour le faire passer de la Terre à la Lune n’a pas transformé le volume.
« Sorte de ballon géant ».
« Comme nous ne disposions pas de plan de cette structure, réalisée à l’époque avec une technique assez étonnante de béton projeté sur une sorte de ballon géant, nous n’avions pas le droit de créer de nouveaux percements, raconte l’architecte Guillaume Freyermuth. L’entrée et la sortie se font donc par les ouvertures d’origine. » Avec une étanchéité restaurée et une enveloppe en PVC gris pâle, la sphère symbolise le satellite naturel de la Terre. Il ne restait qu’à l’équiper d’un spatio port. « Nous souhaitions que la nouvelle construction destinée à la séquence d’accueil et aux espaces de pédagogie suggère le futur, l’envol… » précise Christophe Chaffardon, le directeur éducation, sciences et culture de la Cité.
Les architectes ont filé la métaphore en créant un anneau autour de la sphère. Ce bâtiment en demi-cercle, qui ne semble qu’effleurer le sol, repose sur des pilotis de béton en V. Réalisé avec une structure métallique et des murs en ossature bois, il cultive son côté flottant en usant en façade de matériaux… immatériels : le verre pour l’espace d’exposition et un aluminium opalescent autour des salles de « briefing » et de « débriefing ». Un arc de portiques supportant des panneaux photovoltaïques achève la figure du halo.
« Sobriété assumée ».
A l’intérieur, les éléments de structure, notamment les profils reconstitués soudés (PRS) perforés, les gaines ou les chemins de câbles laissés apparents participent de l’évocation de l’univers high-tech et sans confort superflu des engins spatiaux. « Cette sobriété est assumée, confirme Guillaume Freyermuth. Elle facilitera aussi des évolutions scénographiques futures. » La réalisation séduit Christophe Chaffardon « par son aspect plus intemporel que contemporain. Si l’équipement est repérable, sa discrétion lui permet de s’intégrer au site sans s’imposer visuellement ». Une mesure qui convient d’autant plus à la Cité qu’elle était soucieuse que le LuneXplorer ne détourne pas le public de ses autres expériences. En 2024, 180 145 des 452 000 visiteurs n’ont cependant pas manqué le voyage.
Informations techniques
Maîtrise d'ouvrage : Toulouse Métropole, direction de la construction des bâtiments publics. Exploitant : Semeccel.
Maîtrise d'œuvre : Bétillon & Freyermuth (architecte, mandataire), EVP (structure), Soconer (fluides, thermique), STDI (VRD), Itud (CFO, CFA, SSI), Emacoustic (acoustique), VPEAS (économie), Keyros (BIM). Surfaces : 993 m² SP construits et 470 m² SP réhabilités. Principales entreprises : GBMP (gros œuvre), Cabrol (charpente), MAE (enveloppe). Coût des travaux : 4,12 M€ HT.


