Sous l'effet de la loi Robien, le nombre d'accords d'entreprise (tous secteurs confondus) sur la réduction du temps de travail a quadruplé en un an, passant de 500 accords en 1996 à 2000 l'an passé.
Dans près de la moitié des cas, l'accord comporte un système de modulation ou d'annualisation du temps de travail qui permet à l'entreprise d'ajuster les horaires au volume d'activité. Une tendance qui se confirme avec la loi Aubry. Selon un premier bilan du ministère de l'Emploi, sur les 130 premiers accords Aubry conclus mi-août, la majorité s'accompagne d'une modulation des horaires.
Cogifer travaux ferroviaires (TF) vient de signer avec FO et la CGT un accord Aubry offensif ramenant la durée du travail à 35 heures assorti de 6 % d'embauches sans baisse de salaires. 1052 salariés sont concernés. L'accord comporte une annualisation du temps de travail permettant une amplitude maximum des horaires (0-48 heures) pour faire face à la saisonnalité de l'activité. L'annualisation permet de limiter le recours au chômage partiel et de réduire le volume d'heures supplémentaires et d'intérimaires. Une soixantaine d'embauches seront effectuées, les trois-quarts viseront du personnel de chantier (pose de voie).
L'annualisation peut poser des problèmes aux PME
Cette souplesse d'organisation est jugée essentielle par les entreprises du secteur. Que ce soit dans ou hors du cadre de la loi Robien, l'annualisation du temps de travail est aujourd'hui utilisée par bon nombre d'entreprises routières, confrontées à la saisonnalité de leur activité, et par les grandes entreprises. L'annualisation suppose en effet un contrôle et un suivi rigoureux des horaires de chacun des compagnons sur l'année, tâche que ne peuvent pas toujours assumer les PME dépourvues de direction des ressources humaines.
Sans opter pour l'annualisation, d'autres entreprises du secteur souhaitent pouvoir compenser en hiver, par l'octroi de jours de congés supplémentaires notamment, les heures effectuées en été, lorsque l'activité bat son plein. L'Union des peintres, scop de 40 salariés, a choisi cette solution (voir ci-dessous). L'entreprise alsacienne de charpente couverture, Schoenenberger, qui a signé le premier accord Aubry dans le BTP, a opté pour un système analogue (1).
Une troisième catégorie préfère une diminution quotidienne de la durée du travail ou choisit une organisation du travail sur quatre jours ou quatre jours et demi. Bourgeois Pichard, entreprise bretonne de travaux publics, ferme ses portes le vendredi après midi et travaille quatre jours et demi par semaine (2). Rabot Dutilleul, une entreprise du bâtiment qui a poussé très loin la réflexion sur l'organisation du travail, mêle organisation des hommes en deux équipes et travail sur quatre jours pour les ouvriers en grand déplacement. Une diversité de situations que permet de préserver la loi Aubry.
(1) «Le Moniteur» du 24 juillet 1998. (2) «Le Moniteur» du 14 août 1998.