5/11 Aulnay-sous-Bois/Seine-Saint-Denis Maison «en blanc»

Les architectes parisiens Karine Chartier et Thomas Corbasson ont tiré parti d'une remise inhabitée, située sur une parcelle remembrée quasi impraticable, pour la transformer en une résidence à la blancheur éclatante.

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On connaissait l'immeuble de bureau « en blanc », mais en livrant cette singulière maison à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) pour le compte d'un jeune couple amateur éclairé d'architecture, l'agence Chartier-Corbasson invente la maison « en blanc » à travers la réhabilitation d'un hangar. Les deux architectes ont attiré l'attention de leurs futurs clients en prenant part à un concours d'urbanisme organisé par la municipalité. « Lorsqu'ils sont venus nous voir, ils venaient de prendre contact avec nos confrères Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal dont ils avaient apprécié l'intelligence de faire avec pas grand-chose des prouesses architecturales », précisent Chartier et Corbasson. Les deux associés décèlent dans la commande un potentiel insoupçonné de poésie constructive. Issu du démembrement d'une parcelle d'angle, le hangar sur deux niveaux, flanqué d'un garage, a enfiévré leur imaginaire.

Nouvelle façade sur rue. Le bâtiment d'origine, tel que racheté par le maître d'ouvrage, se situe au fond du jardin d'un pavillon. Une fois la parcelle d'ensemble divisée en deux par le vendeur, la configuration se révèle assez ingrate : le bâtiment présente son pignon sur une rue à laquelle la parcelle nouvellement créée n'a même pas accès. La première opération des architectes est alors d'ouvrir, depuis cette rue, un accès à la parcelle tout en inventant une nouvelle façade à la maison. Pour ce faire, ils accolent au pignon existant une « boîte » de polycarbonate transparente à ossature bois sous laquelle ils placent l'accès au garage. A ce stade, la maquette d'étude éclairée de l'intérieur montre une maison dont l'angle supérieur gauche de la façade s'illumine telle une lanterne : un signal lumineux, comme le symbole d'un nouveau foyer. L'idée emporte l'adhésion des clients.

Après avoir ainsi « réorienté » le bâtiment, les architectes s'attaquent à son organisation intérieure. Au rez-de-chaussée, l'emprise du garage interdit l'implantation de la cuisine, de la salle à manger et du salon au même niveau. Or les clients veulent rentabiliser l'espace en fusionnant les fonctions. Les maîtres d'œuvre décident alors d'inverser la disposition traditionnelle de la maison : ils placent le lieu de vie à l'étage et les espaces de nuit de plain-pied. Cet artifice de conception leur permet de profiter du vaste plancher de l'étage nouvellement créé, et d'accueillir sous un même toit, cuisine/salle à manger dans l'extension et salon dans l'existant. Ne reste plus aux architectes qu'à harmoniser ensuite les différentes façades autour de la blancheur translucide du polycarbonate : côté rue un simple crépi blanc, côté pignon l'ancienne brique rouge est mise à la teinte.

Pour trouver une même simplicité à l'intérieur, les architectes décident d'effacer l'ossature bois derrière des parements de plâtre.

Ecran blanc 26 pixels. Par un calepinage précis, ils dégagent de la structure de l'étage des oculi zénithaux et latéraux laissant voir le polycarbonate transparent extérieur. « Au début, nous n'avions prévu que six ouvertures mais, au fil du projet, notre connivence avec l'entreprise nous a permis d'en créer plus de vingt-six ! », avoue Thomas Corbasson. Grâce à la répétition de ces points lumineux, les murs de l'étage se transforment en un vaste écran de pixels qui éclaire la cuisine et participe de la décoration intérieure du séjour. « Dès le début nous avons pris le parti de matériaux standards, de produits manufacturés que nous tentons de détourner de leur usage traditionnel, achève d'expliquer Thomas Corbasson. C'est ce que nous avons fait avec le polycarbonate alvéolaire, le Moniflex (voir encadré), la maille aluminium déployée, la porte du garage, le portail d'entrée et la clôture ». Les circulations n'échappent pas à cette volonté. Au centre du séjour, dans l'axe de l'entrée, l'escalier industriel prend place dans sa trémie. Il relie autant le séjour aux trois chambres et au bureau que la cuisine et le salon par l'intermédiaire de deux caillebotis métalliques. Sa position, à l'aplomb de « l'écran blanc », permet à la lumière de diffuser jusqu'au cœur de la maison.

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